peuvent nous fuir comme des camps
arabes, le matériel, les produits industriels, les jardins et
les arbres ; au printemps, elles y trouveront de plus les
vallées garnies à perte da vue d'abondantes récoltes. Une
région si vulnérable n'est qu'à vingt lieues d'Alger ; nous
l'abordons en outre directement par ses quatre angles Dellys,
Bougie, Sétif, Aumale ; ne sommes-nous pas en droit de dire
qu'elle est dans notre main ?
En résumé, que deviendra la Grande Kabylie ?
Sous l'empire des principes indiqués ci-dessus, elle
atteindrait, c'est notre conviction intime, un haut de gré de
prospérité. La richesse intérieure, se développant par le
concours d'agents et de capitaux français, viendrait affluer
largement aux deux ports de Bougie et de Dellys, et offrir
enfin quelques échanges à nos produits nationaux.
L'instinct commercial du peuple conquérant a si bien
partagé cette conviction que, par deux fois, il s'est
précipité au-devant d'un tel avenir avec une in croyable
ardeur. Bougie, dans l'année de son occupation, compta
jusqu'à 1,500 habitants : plus des trois quarts ont disparu ;
mais ils ont laissé là un petit monument, symbole à nos
yeux du vaste avenir de Bougie. Ce monument, c'est un pauvre
moulin à huile qui n'a jamais vécu que sur la récolte
minime des oliviers contenus dans la ligne de nos avant-postes
; or, qu'on y songe, la Kabylie est maintenant ouverte, le
moulin ne chômera plus ; une vaste contrée sera son tribu
taire. Dellys, avant la fin de 1845, c'est-à-dire également
au bout d'une année, comptait 400 habitants, une soixantaine
de maisons bâties et environ 500,000 francs engagés.
Au point de vue maritime, la nature a fait quelque chose
pour l'une de ces localités, beaucoup pour l'autre. Toutes
deux obtiendront, moyennant une dépense modique, un port de
commerce assez vaste ; Bougie conservera de plus un des
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