meilleurs mouillages de la côte
algérienne, celui de Sidi-Yahia, qui peut abriter une
escadre.
Ces deux comptoirs deviendront rationnellement des centres
de populations européennes adonnées à l'industrie et au
commerce, tandis que la production agricole restera confiée
aux mains des indigènes moins dispendieuses que les nôtres.
Il y aurait de la sorte, à l'intérieur, une nation kabyle en
voie de progrès, et sur la côte, une colonie française en
pleine prospérité. Ainsi, la force liante du gouvernement et
la vive attraction des intérêts privés associeraient deux
races dont la destinée, jusqu'ici, semblait être de
s'entre-détruire.
Mais cette oeuvre est si délicate, elle exige une telle
mesure de prudence et de fermeté, tant d'accord et de
constance dans les vues du pouvoir, elle peut se trouver
compromise par des incidents si imprévus, par des agents si
subalternes, elle exige si impérieusement le maintien d'un
grand effectif militaire en Algérie, et par suite la
stabilité des relations internationales qui subsistent déjà
depuis plus de trente années en Europe ; en un mot, elle
dépasse si fort la puissance des plus grands et la prévision
des plus sages, qu'au milieu même des espérances les mieux
fondées, nous ne pouvons nous défendre d'un sentiment d'inquiétude en méditant cette question sans bornes : Que
deviendra la Grande Kabylie ?
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