Pages précédentes LA GRANDE KABYLIE   CHAPITRE DEUXIÈME Pages suivantes
   Retour page Table des matières  
   
  
L'Arabe a le visage ovale et le cou long. Le Kabyle au contraire, a le visage carré; sa tête est plus rapprochée des épaules.

L'Arabe ne doit jamais faire passer le rasoir sur sa figure. Le Kabyle se rase jusqu'à ce qu'il ait atteint vingt à vingt-cinq ans ; à cet âge, il devient homme et laisse pousser sa barbe. C'est l'indice du jugement acquis, de la raison qui devient mûre.

L'Arabe se couvre la tête en toute saison, et, quand il le peut, marche les pieds chaussés. Le Kabyle, été comme hiver, par la neige ou le soleil, a toujours les pieds, la tête nus. Si par hasard on en trouve chaussé, c'est accidentellement et d'une simple peau de bête fraîchement abattue. Ceux qui avoisinent les plaines portent quelquefois le chachia. Le Kabyle a pour tout vêtement la chelouhha, espèce de chemise de laine qui dépasse du genoux et coûte de sept à huit francs ; il garantit ses jambes avec des guêtres sans pied, tricotées en laine, que l'on appelle bougherous. Pour le travail, il met un vaste tablier de cuir, coupé comme celui de nos sapeurs. Il porte le burnous quand ses moyens le lui permettent; il le garde indéfiniment, sans aucun souci de ses taches, ni de ses déchirures ; il l'a tenu de son père, il le lègue à son fils.

L'Arabe vit sous la tente ; il est nomade sur un territoire limité. Le Kabyle habite la maison, il est fixé au sol. Sa maison est construite en pierres sèches ou en briques non cuites, qu'il superpose d'une façon assez grossière. Le toit est couvert en chaume, en tuiles chez les riches. Cette espèce de cabane s'appelle tezaka. Elle se compose d'une ou de deux chambres. Le père, la mère et les enfants occupent une moitié du bâtiment, à droite de la porte d'entrée. Ce logement de la famille se nomme âounès. L'autre partie de la maison, que l'on appelle âdaïn. située à gauche, sert d'étable, d'écurie pour le bétail et les chevaux. Si l'un des fils de la maison se marie et doit vivre en ménage, on lui bâtit son logement au-dessus.

    

 

   
L'Arabe se couvre de talismans; il en attache au cou de ses chevaux, de ses lévriers, pour les préserver du mauvais oeil, des maladies, de la mort, etc. Il voit en toutes choses l'effet des sortilèges. Le Kabyle ne croit point au mauvais oeil et peu aux amulettes. " Ce qui est écrit par Dieu, dit-il, doit arriver ; il n'est rien qui puisse l'empêcher. " Cependant, il concède à certaines vieilles femmes un pouvoir d'influence sur les ménages, sur les amours ; il admet les sorts propres à faire aimer, à faire haïr un rival, à faire divorcer la femme que l'on désire, etc.

Ses superstitions d'un autre ordre sont nombreuses. Nous indiquerons les principales :

- Quiconque entreprend un voyage, doit partir le lundi, jeudi ou samedi ; ces jours sourient aux voyageurs. Heureux celui qui commence sa route le samedi.
- Le prophète préférait ce jour aux deux autres. On voyage, il est vrai, le mercredi, le vendredi et le dimanche ; mais l'inquiétude ne quitte pas le voyageur pendant toute sa course.
- Ne livrez jamais de combat un mardi.
- C'est le jeudi qu'il faut choisir pour introduire sa future sous le toit conjugal ; cela sera d'un bon augure, parce que la femme s'y réveillera un vendredi, qui est le jour férié des Musulmans.
- Ne plaignez pas celui qui meurt pendant le rhamadan (1) ; car, pendant le rhamadan, les portes de l'enfer sont fermées, et celles du paradis toujours ouvertes.

 

(1) Rhamadan : mois sacré des Musulmans pendant lequel on jeune jusqu'au coucher du soleil.

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes