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Au demeurant, les Kabyles disaient volontiers la prière pour le sultan de Constantinople, mais on n'en tirait pas d'autre tribut; il fallait négocier pour obtenir à des gens du pacha le passage sur leur territoire. S'élevait-il un différend ? on le vidait par les armes, comme avec un peuple étranger; souvent on préférait s'en venger par des vexations sur ceux qui fréquentaient les marchés de la plaine; il en résultait même de longues interruptions dans le commerce.

Si incomplète que soit cette esquisse des précédens historiques de la Grande Kabylie, elle aura suffi pour prouver que ses fiers habitans possèdent, en effet, quelque droit à se vanter, comme ils le font, de leur indépendance immémoriale.

 

    

 

   
 

CHAPITRE II.

 
TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ KABYLE
 
MŒURS: I. Aspect et superstitions. - II. Industrie.
- III. Caractère et usages. - IV. Famille.
INSTITUTIONS : V. Soffs. - VI. Amines. - VII. Marabouts. -  VIII. Administrés. - IX. Zaouïas. - X. Anaya. - XI. Conclusion.
 

I.

 
Si nous prétendions suivre une marche chronologique dans l'exposé de nos connaissances, il est incontestable que le tableau de la société kabyle devrait être relégué aux dernières pages de ce livre et faire suite à la conquête. En effet, la conquête seule nous a livré les secrets du pays avec une entière certitude. Toutefois, les lumières qu'un exposé préalable des mœurs et des institutions pourra jeter sur nos récits, nous semblent tellement indispensables que nous n'y saurions renoncer. En les mettant à profit pour lui-même, notre lecteur devra se souvenir qu'elles n'éclairaient ainsi ni le gouvernement français, ni surtout ses premiers agens. Dans le principe, un malheureux esprit d'induction conduisit toujours à conclure du fait arabe qu'on connaissait peu, au fait kabyle qu'on ignorait entièrement et qui ne lui ressemblait en rien. Des années s'écoulèrent avant qu'une observation intelligente, dirigée soit de Bougie (1), soit d'Alger, inaugurât enfin la vérité.
 

(1) Nous devons surtout mentionner les ouvrages d'un commandant supérieur de Bougie, M. Lapène, actuellement colonel d'artillerie. En parcourant l'intérieur du pays, nous nous sommes étonnés plus d'une fois de l'exactitude des renseignements qu'il avait su se procurer, sans sortir jamais de sa place, si ce n'est les armes à la main. Sur plusieurs points, nous n'avons pu nous dispenser de coïncider entièrement avec lui.

 
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