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On en trouve aussi dans une montagne près de Msila, et dans un autre nommé Agouf, encore chez les Reboulas ; ce dernier passe pour argentifère. Dans tous les cas, on l'obtient par la simple fusion, et on l'exporte en saumon ou en balles.

Le cuivre se rencontre également en Kabylie. On l'extrait, on l'emploie dans les bijoux de femme. Fondu avec le zinc, il compose un laiton fort utile pour les poires à poudre, montures de flissas, manches de poignards, etc.

Deux mines de fer très-abondantes sont signalées dans la grande Kabylie : l'une chez les Berbachas, l'autre chez les Beni-Slyman.

Le minerai en roche est traité par le charbon de bois dans un bas fourneau, à l'instar de la méthode catalane ; les soufflets sont en peau de bouc et fonctionnent à bras d'hommes.

La tribu des Flissas confectionne l'arme blanche qui porte son nom avec le fer des Berbachas et de l'acier venu d'Orient. Les principaux fabricants d'armes à feu sont les Beni-Abbas : leurs platines, plus renommées que leurs canons, réunissent l'élégance et la solidité; elles s'exportent jusqu'à Tunis. Leurs bois de fusil sont en noyer. Ils montent l'arme toute entière.

A côté de cette vaste industrie des hommes, les femmes ne restent point oisives; elles filent la laine et tissent avec cette matière l'étoffe blanche qui sert à vêtir les deux sexes. Leurs métiers sont établis sur le modèle de ceux d'Alger.

Le lin, recueilli en petites bottes, puis séché sur l'aire, est broyé, filé par les femmes, et procure une grosse toile employée à divers usages.

    

 

   
Les femmes concourent à la confection des burnous qui, dans quelques tribus, Beni-Abbas et Beni-Ourtilan par exemple, dépassent de beaucoup les besoins locaux et deviennent un objet d'exportation.

L'Arabe ne s'occupe point d'entretenir ses armes ; cela lui demanderait quelques soins : un chien noir, dit-il, mord aussi bien qu'up chien blanc. Le Kabyle, au contraire, met tout son luxe dans son fusil. Il le préserve de la rouille, et quand il le sort de son étui, il le tient avec un mouchoir pour ne pas le salir.

 
 

III.

 
L'Arabe, paresseux de corps, se ressent un peu dans tous les mouvements du cœur de cette inertie physique. Chez les Kabyles, la colère et les rixes atteignent d'incroyables proportions. En voici un récent exemple :

Un homme de la tribu des Beni-Yala rencontre, au marché de Guenzate, un autre Kabyle qui lui devait un barra (7 centimes). Il lui réclame sa dette. " Je ne te donnerai point ton barra, répond le débiteur --- Pourquoi? --- Je ne sais. --- Si tu n'as point d'argent, j'attendrai encore. --- J'en ai --- Eh bien ! alors --- Eh bien ! c'est une fantaisie qui me prend de ne point te payer. "

A ces mots, le créancier, furieux, saisit l'autre par son burnous et le renverse à terre. Des voisins prennent part à la lutte. Bientôt deux partis se forment, on court aux armes; depuis une heure de l'après-midi jusqu'à sept heures du soir, on ne peut séparer les combattants; quarante-cinq hommes sont tués, et cela pour un sol et demi. Cette querelle date de 1843 ; mais la guerre soulevée par elle n'est point encore éteinte. La ville, depuis, s'est divisée en deux quartiers hostiles, et les maisons qui se trouvaient sur la limite sont devenues désertes.

 
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