Cet échec éprouvé par les
faux-monnayeurs ne les dégoûta point du métier.
Ayt-el-Arba ne perdit rien de sa prospérité , et le
nombre de commerçans, qui viennent s'y approvisionner de tous
les points, du Maroc, de Tunis, du Sahara, de Tripoli, n'en
fut aucunement diminué.
Un Kabyle pris en flagrant délit d'émission de fausse
monnaie était mis à mort, sans aucune forme de procès.
C'était le seul cas pour lequel la justice fût inexorable,
et dans lequel l'argent, qui rachetait tous les autres crimes,
ne put faire incliner sa balance.
Des industries plus honorables, ne piquant pas autant la
curiosité, sont peut-être un peu moins connues. La
fabrication de la poudre est concentrée dans la tribu des
Reboulas ; elle s'y fait en grand et par des procédés
analogues aux nôtres. Le salpêtre abonde dans les cavernes
naturelles ; il effleurit sur leurs parois. Recueilli comme le
salpêtre de houssage, il est lavé, puis obtenu par
l'évaporation. Le charbon provient du laurier-rose et il
jouit des meilleures propriétés; le soufre arrive du dehors.
Le dosage est réglé comme chez nous ; le séchage s'opère
au soleil. Cette poudre kabyle, un peu moins forte que la
nôtre, n'est ni lisse, ni égale, mais elle ne tache point la
main et elle satisfait aux conditions d'une bonne poudre de
guerre. Les cartouches kabyles sont bien roulées ; elles se
vendent en plein marché. Le prix moyen de la cartouche est 0
fr. 40 cent., de qui doit paraître excessif.
Les balles sont en plomb et fort irrégulières.
L'exploitation du plomb a lieu, sur une échelle
très-considérable, dans la tribu des Beni-Boulateb, près
Sétif.
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