Les Kabyles paient des impôts.
Ce sont la zékkat et l'achour, prescrits par le
Koran, et fixés au centième pour les troupeaux, au dixième
pour les grains.
Mais, contrairement aux Arabes qui donnent ces
contributions à leur sultan, les Kabyles, organisés en
républiques, les apportent à leurs mosquées. On les emploie
à défrayer les écoles, à secourir les pauvres, à nourrir
les voyageurs, à entretenir le culte, à donner
l'hospitalité, à acheter de la poudre et des armes pour les
malheureux de la tribu qui sont appelés, comme les autres, à
marcher le jour du combat.
Car, chez le peuple kabyle, dès qu'il s'agit de venger une
injure ou de repousser une agression, tous doivent se lever,
armés ou non, Ceux qui n'ont point de fusil prennent des
bâtons, lancent des pierres, et se tiennent à portée des
combattants ; leur devoir est d'emporter les morts ou les
blessés.
Les femmes même, quelquefois, assistent à ces drames
sanglants, afin d'encourager leurs frères, leurs maris ;
elles leur apportent des munitions, et si l'un des guerriers
vient à fuir, elles lui font avec du charbon une large marque
sur son burnous ou sur sa chemise de laine, pour le désigner
au mépris de tous.
On régularise le concours général à la défense
publique par une formalité qui se rapproche beaucoup de notre
recrutement. Lorsqu'un garçon a accompli son premier rhamadan,
c'est-à-dire 14 ou 15 ans, suivant sa constitution, il se
présente à la djemmâ. Alors il est déclaré bon pour
porter un fusil. On l'inscrit au nombre des défenseurs de la
tribu, dont il aura désormais à courir les bonnes ou les
mauvaises chances. On lit sur lui le fatah, et si son père
est pauvre, on lui achète un fusil sur les fonds publics.
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