Rien n'en demeure jamais
abandonné au gaspillage des chefs, comme dans
l'administration arabe.
En toute circonstance, et quelque autorité qu'il ait, un
amine est contraint de se renfermer dans l'application
rigoureuse du texte légal. Nul arrêt arbitraire ne peut
être rendu ; l'égalité devant la loi forme aussi le premier
article de la charte kabyle. Cette charte n'est pas écrite,
mais elle est observée depuis deux mille ans.
On a pu remarquer qu'il existe une pénalité pour le vol ;
il n'en existe pas pour le recel. Des receleurs autorisés,
qu'on nomme oukaf, vendent publiquement les effets
dérobés. Il semble que le but de cette législation
blessante soit de faciliter au propriétaire lésé le rachat
de son bien à bas prix. On conçoit qu'autrement, vu les
petites dimensions de chaque état, tous les produits du vol
seraient exportés de suite, et leur recouvrement deviendrait
impossible.
Nous n'avons point parlé du meurtre : la loi kabyle à ce
sujet, mérite bien l'attention d'un peuple civilisé. On sait
que le Koran prescrit d'une manière absolue la peine du
talion : " Dent pour dent, oeil pour oeil. "
Cependant, la djemmâ kabyle ne prononce jamais une sentence
de mort : l'exécuteur des hautes œuvres n'est pas connu dans
cette société barbare. Le meurtrier cesse d'appartenir à sa
tribu, sa maison est détruite, ses biens sont confisqués, un
exil éternel le frappe voilà la vindicte publique. Mais le
champ reste encore libre à la vengeance particulière : c'est
aux parents de la victime à appliquer le talion dans toute sa
rigueur. La loi ferme les yeux sur ces sanglantes
représailles ; l'opinion les exige, et le préjugé les
absout.
Il ne nous reste plus qu'une remarque à faire sur le code
précédent : la bastonnade n'y figure point.
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