Tout homme riche ou pauvre, connu
ou inconnu dans le pays, qui se présente à la porte d'une
zaouïa quelconque, y est reçu et hébergé pendant trois
jours. Nul ne peut-être éconduit : l'exemple d'un refus de
ce genre n'existe même pas. Ni le matin, ni le soir, les gens
de la zaouïa ne prendront leur repas sans s'être assurés
que les hôtes ont eu leurs besoins satisfaits. Le principe
d'hospitalité s'étend même si loin dans ce lieu, qu'un
cheval, un mulet égarés, y arrivant sans conducteur et par
hasard, seront toujours reçus, installés et nourris jusqu'à
ce qu'on vienne les réclamer.
Cet accueil absolu dans la maison de Dieu fait que les
tourments de la faim et le vagabondage proprement dit restent
ignorés des Kabyles. La vie du pauvre devient un long pèlerinage
de zaouias en zaouias.
Considérées sous le rapport universitaire, les zaouias
renferment, toutes, trois degrés d'instruction.
L'école primaire est ouverte à tous les enfants kabyles
ou arabes. Quelques parents en envoient de très-loin, plutôt
que d'avoir recours aux petites écoles des tribus. On paie
six douros de première mise pour chaque enfant, moyennant
quoi il est nourri, logé et habillé aux frais de
l'établissement, jusqu'à l'époque de son départ : ceci est
la règle commune; mais nous verrons plus tard que les gens
riches ajoutent à ce versement des cadeaux
très-considérables. L'enfant apprend d'abord la formule
religieuse de l'Islam : " Il n'y a de Dieu que Dieu, et
Mahomet est son prophète ; " puis une demi-douzaine de
prières et quelques versets du Koran. La plupart des Kabyles
n'en savent pas plus long ; ils rentrent au sein de la
famille, pour prendre part à ses travaux dès que leur
développement physique le permet.
Ceux qui prolongent leur éducation apprennent à lire et
à écrire, à réciter le texte du Koran, etc.
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