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  1. Le droit, c'est-à-dire, le commentaire du Koran au point de vue légal, par sidi Khelil , qui fait foi dans tout le rite Maleki, et, en conséquence, chez les Arabes.
  2. Les conversations du Prophète (hadite sidna Mohammed).
  3. Les commentaires sur le Koran (tefessîr-el-Koran), c'est-à-dire, l'interprétation du texte saint. On compte sept à huit commentaires ayant autorité El Khazin est le plus estimé.
  4. L'arithmétique (haçal eb ghrobari): la géométrie (haçab el-member) ; l'astronomie (aem-el-faleuk).
  5. Enfin, la versification (Alem-el-Aaroud). Presque tous les tolbas sont poètes.
Les différentes zaouïas nourrissent entr'elles des dissidences et des rivalités universitaires; l'opinion les classe, l'esprit de corps s'en mêle, un taleb n'émigrerait point de la sienne dans une autre : il n'y serait pas même accueilli.

Les zaouïas les plus fameuses sont :
Sidi Ben-Ali-Chérif (chez les Ioullen ).
Sidi Moussa Tinebedar (chez les Beni Ourghlis ).
Sidi Abd-er-Rahman (près de Bordj et Boghni ).
Sidi Ahmed-Ben-Driss (chez les Ayt-Iboura ).
Celles-là comptent un personnel considérable. Sidi Ben-Ali-Chérif, par exemple, renferme en permanence deux ou trois cents tolbas et élèves, avec un nombre variable de passagers, dont la moyenne journalière peut être évaluée à plus d'un cent, et le maximum au quadruple.

Les zaouïas sont donc, à proprement parler, des institutions de bienfaisance ; elles fournissent l'hospitalité gratuitement, l'éducation presque pour rien ; elles le font sur une vaste échelle et nécessairement à grands frais. En quoi consistent leurs ressources ?

 

    

 

   
Les zaouïas sont un objet de vénération particulière pour le peuple. C'est là que les Kabyles provoquent le serment, lorsqu'ils ont quelques réclamations, ou quelque discussion à propos de dettes, vols, etc. Les Kabyles, sur lesquels viennent fondre plusieurs malheurs, s'y rendent de très-loin en pèlerinage, pour demander à Dieu, par l'intermédiaire des saints marabouts, la fin des maux qui les affligent. La mère qui ne peut élever ses enfants, qui les voit mourir en bas âge, vient prier Dieu de les lui conserver. La femme stérile, s'y fait conduire par son père ou son mari, espérant la grâce d'une postérité.

La mosquée de Koukou est la plus renommée pour les miracles de ce dernier genre. On les attribue au bâton de Sidi Ali-Taleub, que la femme stérile doit agiter eu tous sens, dans un trou pratiqué au milieu même de la mosquée. On en frotte également le dos des malades pour les guérir. D'après la tradition, Sidi Ali-Taleub n'avait qu'à mettre en joue son ennemi, avec ce bâton merveilleux ; pour le faire tomber raide mort. Les malades emploient aussi, comme remède, la pierre du tombeau sacré qu'ils broient et qu'ils avalent.

Les croyances superstitieuses varient pour chaque zaouïa. Dans les époques de sécheresse, autour de toutes indistinctement, on fait de grandes processions pour demander la pluie. (Frappant rapport avec nos Rogations!) Enfin, quoique chaque tribu ait sa mosquée, les gens religieux ne manquent jamais d'aller faire leur prière du vendredi dans la zaouïa la plus proche.

Celle-ci reçoit, dès lors, une portion de l'achour et de la zekkat dévolus aux mosquées. En outre, elle a certaines tribus du voisinage qui se sont déclarées ses serviteurs, et tiennent à honneur de lui faire des présents (ziarak) ; elles lui apportent continuellement de l'huile, du miel, des raisins secs; des figues, des poules, etc.. ; elles envoient des moutons, des chèvres, quelque fois même de l'argent.

 
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