de ses serviteurs ; mais quand le
chef est seulement annuel, les tribus qui desservent la
zaouïa choisissent elles-mêmes l'administrateur de ses
biens.
On sait qu'il existe chez les musulmans des ordres
religieux, et qu'ils sont répandus en Algérie. Parmi les
zaouias kabyles, un petit nombre seulement compte des frères
(kouan); nous en dirons néanmoins quelques mots.
L'ordre le plus répandu de beaucoup est celui de
Sidi-Mohammed-Ben-Abd-er-Rhaman, bou kobereïn (1).
Ce surnom est fondé sur une légende merveilleuse,
quoiqu'assez récente. Sidi Mohammed venait de mourir et de
recevoir la sépulture dans le Jurjura, lorsque des habitants
d'Alger, où ses vertus étaient en grand renom, allèrent
prier la nuit sur sa tombe. On négligea de les surveiller, et
ceux-ci, par une fraude pieuse, s'approprièrent le corps du
marabout qu'ils vinrent déposer près de la route du Hammà,
un peu avant d'arriver au Café des Platanes, au lieu
où s'élève aujourd'hui la koubba de ce marabout. Mais
bientôt la rumeur publique apprit cet évènement aux
Kabyles; ils en conçurent une indignation terrible, et de
longues vengeances se seraient sans doute exercées, quand on
leur donna le conseil d'ouvrir la tombe qu'ils possédaient
chez eux. Ils l'ouvrirent, et, chose miraculeuse, les restes
du marabout s'y trouvèrent aussi.
Les derkaouas ou révoltés sont les puritains de
l'islamisme, en révolte, en lutte perpétuelle contre
l'autorité des sultans, contre la hiérarchie sociale, Dans
la Kabylie on les trouve surtout près de Zamora chez les
Beni-Yala. Leur chef est un homme important, Hadj-Moussa bou
hamar (maître de l'âme), que nous verrons plus loin entrer
en lutte contre l'émir.
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