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l'homme de poudre, qui devait par la suite embrasser notre cause. Ce dernier est devenu le vrai chef de sa famille ; par la mort de Salem et d'Abdallah. Généreux, hospitalier, aimant les honneurs, le pouvoir, la représentation ; très-fin sous l'apparence de la bonhomie, très-conteur et très-gai, d'une bravoure chevaleresque, il offre un des types les plus agréables du grand seigneur arabe.

Les tribus qui garnissent la Haute-Summam, forment un soff considérable de 8,100 fusils ; ses plus forts contingents sont ceux des Guechtoula et des Beni-Yala.

Nous devons en rapprocher la confédération des Beni Djâd, 2,600 fusils ; car elle embrasse les sources de la Summam ainsi que de l'Isser, et sa politique se lie à celle du groupe qui précède, à cause de leur dévouement commun envers la famille des Ben-Salem.

Sid Ahmed-ben-Salem, destiné à jouer le premier rôle dans les agitations de la Kabylie, est un homme de taille moyenne ; il a la barbe et les yeux noirs, la peau blanche, les dents belles ; son âge doit être aujourd'hui quarante à quarante-cinq ans. On le dit sage et très-bon musulman; il a prouvé longtemps, par des sacrifices de tout genre, son attachement à ses principes religieux. Les tolbas le citent comme un homme instruit, laborieux et plein de dignité dans ses manières ; les guerriers vantent sa prudence au conseil, sa bravoure dans le combat, et les Arabes mêmes son habileté à manier un cheval.

Il appartient à la noblesse religieuse ; sa famille originaire des Beni-Djâd, y possède depuis fort longtemps une zaouia très célèbre, située à Bel-Kraroube, avec une koubba sous laquelle reposent les restes de ses ancêtres. Les serviteurs de cet établissement sont nombreux ; il n'en est pas de plus dévoués que les Beni Chafâa.

    

 

   
Le père de Sid Hamed-ben-Salem, se nommait Si Salem-ben-Maklouf. C'était un homme très-pieux ; il s'était acquis l'affection d'Hussein-Dey, dernier pacha d'Alger, qui l'avait entouré d'honneurs et de considération, jusqu'à lui donner le droit de gracier les criminels qui auraient le bonheur de faire sa rencontre par hasard en marchant au supplice. On conçoit qu'il était facile de venir en aide à ce hasard.

Un Musulman n'aurait pas juré en vain par le tom beau de Ben-Salem, et la bénédiction de Ben-Maklouf était recherchée comme une précieuse faveur. Cependant il avait des ennemis ; car, après la chute des Turcs, on profita contre lui des désordres qui s'élevèrent principalement dans cette portion de Kabylie contiguë à la Mitidja, et Sidi Salem-ben-Maklouf périt assassiné par un autre marabout, Sid Hamed-ben-Tahar.

Notre énumération des groupes kabyles va se trouver close par ceux qui ont figuré comme acteurs principaux dans les agitations de ces derniers temps. Au nord du vaste territoire où commandent les Ben-Salem, nous trouvons le soff énergique des Flisset-oum-el-lil, avec sa puissante famille des Ben-Zamoun ; au sud, la région de Hamza, gouvernée par les Ben-Mahy-ed-Din.

Flisset-oum-el-lil signifie les Flissas enfants de la nuit. Ils furent ainsi nommés, dit-on, depuis qu'ils eurent détruit plusieurs camps turcs par des combats de nuit très-audacieux. Cette tribu domine entièrement la confédération qu'elle forme avec ses voisins les Beni Khalfoun, les Nezlyouas et quatre autres fractions beau coup moins importantes. Ses villages sont au nombre de cent-quarante-six en tout et peuvent mettre sous les armes 6,260 guerriers.

Les Ben-Zamoun, leurs chefs, passent pour des douaoudas, gentilhommes (gentiles homines, gens de la première invasion arabe). Ils étaient fixés du côté de Kairouan, et tirent leur nom

 
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