entièrement conquise jusqu'aux
limites du pays kabyle.
Abd-el-Kader en donna le commandement à Si
Mohamned-ben-Aïssa-el-Berkani avec le titre de son khalifa.
Quant à Ben Mahy-ed-Din, il fut nommé seulement agha de la
cavalerie des Beni Slymans. Cette part lui sembla trop faible,
ce rang trop secondaire ; il n'en fallut pas davantage pour
jeter dans son âme le premier germe d'une irritation vivace
contre, le maître ingrat qu'il était allé chercher si loin.
Sous l'empire d'un tel sentiment, Ben Mahy-ed-Din ne tarda
point, à se brouiller avec El-Berkani. Celui-ci le dénonça
à l'émir comme un homme très dangereux, obtint
l'autorisation de le faire arrêter avec toute sa famille et
de l'interner à Médéah. Il en résulta pour Ben Mahy-ed-Din
une sorte de captivité qui dura neuf mois, et se fût sans
aucun doute prolongée bien davantage si le khalifa n'eût
été contraint d'avouer son impuissance à maintenir la
tranquillité chez les Beni-Slymans, et de leur restituer, sur
l'ordre d'Abd-el-Kader, le seul chef capable de les commander.
Ces traverses avaient encore aigri bien davantage les
ressentiments du jeune agha ; mais déjà trop habile pour en
laisser rien soupçonner, il parut déployer, au service de
l'émir, le même zèle qu'auparavant. Dissimulation prudente,
car la puissance du maître atteignait en ce moment son
apogée.
Une nouvelle période de guerre sainte venait d'embraser
tout le Gharb, et, quoiqu'entrecoupée de succès et de
revers, elle avait mis le comble à la réputation d'Abd-el-Kader.
L'amour-propre national, ingénieux à se flatter, devint son
auxiliaire enthousiaste : on l'appelait sultan depuis la
frontière du Maroc jusqu'à l'extrémité du Tittery ; enfin,
les Français même lui décernèrent, dans le traité de la
Tafna, le titre d'Emir-el-Moumenin, commandeur des
croyants.
En paix avec le chrétien, il appliqua toutes ses vues aux
moyens
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