ne fût-ce que la valeur d'un
grain de moutarde, vous n'obtiendrez de nous que de la poudre.
Voilà notre dernier mot. "
Après son entrevue avec les Kabyles à Sidi-Aly-ouMoussa,
l'émir monta à cheval pour se rendre à Bordj Tiziouzou chez
les Ameraouas. Il y passa la nuit, et tint aux Kabyles qui
vinrent l'y trouver les mêmes discours à peu près, qu'il
avait tenus à leurs frères des montagnes. S'il ne trouva pas
chez eux des gens complètement disposés à le seconder, il
en reçut pourtant des réponses beaucoup moins véhémentes ;
soit que la situation de leur pays dans le voisinage de la
plaine eût un peu adouci l'âpreté de leurs mœurs, soit
qu'en raison même de cette situation ils cherchassent à se
ménager au besoin la protection puissante du jeune sultan.
Ils lui dirent que si les tribus qui étaient sur leurs
derrières se soumettaient, ils se soumettraient également.
Le lendemain Abd-el-Kader se rendit à Dellys qu'il ne
connaissait pas ; il y fut accompagné par Sid Abd-er-Rahman,
lieutenant et parent de Ben-Salem.
" Comment pouvez-vous vous résoudre à habiter une
ville du littoral? lui dit l'émir ; quant à moi, je n'y
passerais pas une nuit sans me faire bien garder de crainte
d'être surpris par les chrétiens. "
Sid-Abd-er-Rahman lui répondit qu'il y restait sans
inquiétude, parce que, au dire des gens du pays, deux
marabouts, Sidi-Soussan et Sidi-Abd-el-Kader, protégeaient la
ville contre les attaques des infidèles, l'un du côté de la
terre, l'autre du côté de la mer. Étiez-vous présent,
demanda l'émir à Sid-Abd-er-Rahman, lorsque ces marabouts
firent les promesses sur la foi desquelles vous dormez?
" - Non.
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