quelques-uns même étaient
entrés dans nos corps indigènes, et leur kaïd , El-Beyram,
tenait de nous son autorité.
Dès lors, l'extermination de tels hommes pouvait
s'exploiter au profit, des ressentiments nationaux contre la
domination turque et la domination française. De tous les
points de vue, le coup portait juste.
Au milieu d'un calme profond, une forte colonne de
cavalerie et d'infanterie régulières vint camper à
Bordj-el-Bouïra. On apprit bientôt que ces forces arrivaient
de l'ouest à grandes marches, et qu'elles étaient conduites
par Abd-el-Kader en personne. L'alarme fut semée chez toutes
les tribus qui se sentaient en faute. Les Zouathnas
s'empressèrent d'envoyer leurs gâdas (1) ou présents de
soumission au-devant de l'émir. Tous les Krachenas les
imitèrent ; mais les envoyés de ceux-ci ne trouvèrent
déjà plus au Bordj celui qu'ils y venaient chercher. Le camp
avait été porté jus qu'au pont de Ben-Hini, et des
cavaliers de Ben-Zamoun couraient chez les Zouathnas, de
village en village, promulguant l'ordre de pourvoir, sans
aucun délai, à tous les besoins de l'armée du sultan. Ces
agents rencontrèrent partout les populations occupées des apprêts
de leur fuite, et chargeant à la hâte leurs effets les plus
précieux. Ils parvinrent à les rassurer sur les suites de
cette irruption et à les retenir chez elles.
Bientôt le fourrage, les provisions de toute espèce,
abondèrent au camp. Mais celui qu'on espérait fléchir par
une obéissance minutieuse était résolu à se montrer de
plus en plus exigeant. Il avait fait appeler Hamimed, chef
réel des Zouathnas, et dès qu'il le vit dans sa tente :
" Combien avez-vous de villages? lui de-
demanda-t-il."
"- Pourquoi cette question? répondit Hamimed. Nous
faisons
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