tardèrent pas à se trouver en
face de toute la tribu des Zouathnas qui avait pris position
sur l'Ouad-Tamda.
" Justice! Justice ! Justice ! se mit à crier le
peuple, à trois reprises différentes ; nous étions occuper
à réunir ce que le sultan exigeait de nous ; vous nous avez
trahis. "
Les soldats de l'émir répondirent : " Que
parlez-vous de justice, vous qui vous êtes déclarés les
serviteurs des chrétiens ; le sultan n'est pas venu ici pour
prendre vos biens, mais vos têtes ! "
Aussitôt le feu commença. Les Zouathnas firent bonne
contenance ; ils défendirent le terrain pied à pied,
profitant de toutes les aspérités de la montagne, jusqu'à
Djebel-bou-Zequeza, où ils furent forcés de céder au nombre
et d'abandonner leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux,
ainsi que toutes leurs richesses qu'ils avaient accumulées en
ce point. La poursuite dura depuis le matin jusqu'à quatre
heures du soir : cinquante-deux Zouathnas, dix femmes et deux
enfants périrent dans cette attaque. L'émir, de son côté,
y déplora la perte de deux aghas, de soixante soldats
réguliers et d'un assez grand nombre d'Arabes qui furent
tués en pillant ; mais la plus grande partie des hommes, des
femmes et des enfants de la rude tribu des Zouathnas était en
son pouvoir. Le caïd El-Beyram se trouvait au nombre des
prisonniers. Il avait reçu dans le combat une grave blessure
au genou.
Après qu'on eût présenté à l'émir toutes les
richesses enlevées aux Zouathnas, leurs hommes, leurs femmes,
leurs enfants complètement nus, Abd-el-Kader se fit amener
El-Beyram. On le lui présenta sous le titre ironique de caïd
des chrétiens.
" Ennemi de Dieu, lui dit l'émir, comment as-tu pu
marcher sur ta religion au point d'accepter l'investiture de
l'infidèle? "
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