combattre pour vous. Venez au
milieu des Aribs, et je jure sur la tête de Rabah, mon
aïeul, qu'ils ne vous abandonneront point. "
Ferrath s'avança moins : " Ben-Salem, dit-il, allez
soulever les Kabyles ; s'ils se battent, nous nous battrons.
Quant à quitter notre pays, nous ne le pouvons pas, à cause
des inimitiés qui subsistent entre les Ouled-Dris et nous.
" - Nous ne sommes pas des Turcs, répartit Ben Salem,
pour qu'on puisse nous chasser à jamais de nos foyers. Quoi
qu'il arrive présentement, nous y reviendrons tôt ou tard ;
ainsi, soyons des hommes. " Au milieu de ces discours, on
remit une lettre au khalifa ; elle venait de Beni-Djâd et
l'informait que l'armée française allait camper au pont de
Ben-Hini. Pas un moment n'était à perdre :
" Aribs, s'écria Ben-Salem, dirigez vos familles sur
l'Oued-Lekal ; vous, Nettenems, à Hallalla. Moi je vais
envoyer mon infanterie chez les Ouled-el-Aziz, tandis que
j'irai de ma personne à l'Arbâ des Beni Khalfoua, où
j'attendrai vos contingents. Partez et souvenez-vous que
l'avenir de votre pays dépend de la conduite que vous allez
tenir. "
Personne ne parut au lieu du rendez-vous. Ferrath avait à
peu près annoncé le refus des Nettenems à donner le premier
exemple. Les Aribs et les Beni Djâd écrivirent qu'ils
étaient occupés de faire fuire leurs femmes, leurs enfants,
leurs troupeaux. Enfin, les Beni-Khalfoun firent plus encore :
ils prièrent le khalifa de ne commettre sur leur territoire
aucune hostilité contre les chrétiens, ne voulant pas être
exposés à leur vengeance.
Ben-Salem, commençant alors à désespérer tout-à-fait,
se dirigea vers son âzib qui renfermait des grains et des
troupeaux en grande quantité. Il y mit lui même le feu pour
en priver les
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