vous envoie ; je le tiens de
Muley-Abd er-Rahman, le grand sultan du Gharb ; il sera pour
vous, je l'espère, une bénédiction. "
(1842) - En même temps que ces paroles fortifiantes lui
arrivaient, Ben-Salem reçut du hasard un secours bien
inattendu. La soumission presqu'entière du Tittery venait de
réduire Berkani an rôle d'un fugitif, et il entraînait à
sa suite des fantassins réguliers, originaires la plupart de
l'est. Aussi, dès que le mouvement de retraite devint trop
prononcé, se refusèrent-ils en masse à y participer
davantage. Vainement Berkani les harangua, vainement ses
femmes se découvrirent la figure et les supplièrent en
larmes de ne pas les abandonner : tout échoua contre leur
inébranlable résolution, et ils vinrent trouver Ben-Salem.
Abd el-Kader, instruit du fait, écrivit aussitôt à ce
dernier : "Je rends grâces à Dieu de ce que j'ai, dans
chaque province, un flambeau lumineux où viennent se rallier
les fidèles. Vous avez reçu les troupes qui ont déserté le
khalifa du Tittery, ne leur en témoignez aucun
mécontentement. Les temps sont difficiles ; entourez-les, au
contraire, des plus grands soins ; tâchez de les préserver
de la faim ou de la nudité, etc. "
C'est par de tels moyens qu'Abd-el-Kader sut longtemps
conserver une place dans le cœur de ceux mêmes qui avaient
le plus souffert pour sa cause.
Ben-Salem était donc à la tête d'une infanterie et d'une
cavalerie régulières ; le récent voyage des chefs
améliorait leurs intentions à son égard ; de plus,
Abd-el-Kader avait imaginé de se faire, en quelque sorte,
représenter dans l'est par son premier secrétaire, Sid
El-Hadj-Mohammed-Bel-Kreroubi, personnage très vénéré. Par
ces divers motifs, la lutte contre les chrétiens reprit une
certaine vigueur. Ben-Salem fit des apparitions rapides dans
la plaine à la tête de ses cavaliers : l'une d'elles est
restée fameuse par l'attaque, entre Boufarick et Blida, d'un
petit détachement de correspondance dont le monument de
Méred éternise la défense héroïque.
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