impossible de contenir les
Arabes. Ils sont toujours de la religion du vainqueur, je vous
le jure ; si vous tardez à venir, les malheurs de Berkani ne
seront rien en comparaison de ceux qui vont m'accabler.
Répondez-moi de votre main ; donnez-moi des nouvelles qui
puissent retarder ma chute. "
L'émir répondit immédiatement : " J'ai reçu la
lettre par laquelle vous m'apprenez que l'on a répandu dans
le Cheurg la nouvelle de ma mort. Nul ne peut échapper à la
mort : tel est l'arrêt du Tout-puissant. Toutefois, Dieu en
soit loué ! mon heure n'est pas encore venue ; car, plein de
force et de santé, je combats à outrance les ennemis de
notre religion ; c'est par de semblables épreuves que l'on connaît
les bommes. Soyez toujours le même : calme, inébranlable,
patient, et Dieu vous récompensera. J'irai vous trouver
aussitôt que j'aurai terminé mes affaires dans le Gharb.
"
A cette lettre confidentielle en était jointe une autre
qui devait être lue publiquement dans les marchés ; elle
contenait des passages tels que ceux-ci :
" Ne soyez pas inquiets de la présence des infidèles
dans le Gharb ; ils n'y font qu'y suivre les routes comme des
muletiers ; ils y campent toujours dans des lieux abandonnés
par les Arabes, où ils ne trouvent que des cendres et des
puces. Lorsqu'ils s'en retournent chez eux, ils sont vivement
pour suivis par les défenseurs de la foi. C'est ainsi que
nous en massacrons toujours un grand nombre et que nous
faisons un butin immense. Restez dévoués à votre khalifa ;
sous peu, je viendrai parmi vous. "
On sait qu'Abd-el-Kader ne s'est jamais fait aucun scrupule
de transformer ses plus graves échecs en pompeuses victoires,
moyen qui a dû souvent lui réussir, dans un pays où les
communications sûres et régulières manquent absolument.
Quant à la moralité de l'acte, il l'éludait en répétant
:
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