Vous, musulmans, obligez-les de répondre
aux questions suivantes :
Première Question.
Que pensez-vous de musulmans qui, ayant
fait une trêve avec les chrétiens (que Dieu les maudisse !),
leur paient des contributions, leur servent d'espions, se
rendent à leurs marchés, combattent sous leur drapeau contre
des frères, acquittent des impôts sans avoir même vu
l'infidèle chez eux, et en viennent jusqu'à refuser
l'aumône aux tolbas et aux pauvres?
Deuxième Question.
Que dites-vous de musulmans qui habitent
avec les infidèles et qui obéissent à leurs ordres, quand
leur pays touche à un autre encore au pouvoir des croyants ?
N'est-il pas prescrit par la loi de confisquer leurs biens, de
répandre leur sang, et de réduire à l'esclavage leurs
femmes et leurs enfants? Peut-on prier, donner la zeccat et
jeûner le Rhamadan sous le pouvoir des chrétiens ?
Répondez-moi clairement, et Dieu vous récompensera.
Troisième Question.
A nos savants, plus savants que ceux de
tout le monde. Que dites-vous d'une foule d'individus qui
demeurent chez les chrétiens, et qui implorent leur
protection, leur appui, au lieu de quitter la contrée ? Leur
séjour au milieu des infidèles est-il ou non toléré?
Ces individus peuvent se diviser en quatre classes :
La première paie contribution aux impies
;
La deuxième se contente de commercer avec eux ;
La troisième les instruit de ce qui peut nuire aux
musulmans ;
Et la quatrième, agissant sincèrement avec eux, fait des vœux
pour la consolidation de leur pouvoir, et y trouve une
source de fortune. Répondez-moi, et Dieu vous pardonnera
vos fautes.
Quatrième Question.
Que dites-vous des gens qui se trouvent
dans les catégories suivantes : Les premiers entretiennent la
guerre avec les chrétiens ; les seconds se sont rendus à eux
avec l'espoir de ne plus payer d'impôts ; les derniers les
servent avec l'intention véritable de leur payer des
contributions, tant qu'ils seront les plus forts ? Donnez-nous
réponse sur tout cela, et vous aurez bien mérité de Dieu. O
mes frères, je vous conseille avec mon âme, s'il vous reste
encore un peu de religion, de vous y retenir des deux mains.
Repentez-vous et repentez-vous promptement. N'attendez-pas que
Dieu ait prononcé sur votre tête. Si vous retournez de suite
à lui, vous le trouverez miséricordieux, car voici sa parole
: " A celui qui croit, qui se repent et qui se comportera
bien ensuite, je pardonnerai ses fautes. "
Je prie Dieu qu'il m'assiste et qu'il vous assiste, dans le
dire et le faire, dans le vrai et le douteux, dans l'interne
et l'externe, dans l'état de repos et d'agitation. Ainsi
soit-il.
Écrit par le khalifa Sid-Hamed-ben-Salem-el-Thayeub ; que
Dieu l'aide et le rende victorieux ! Ainsi soit-il.