" La guerre cette année
vous a ruinés ; je vous fais remise des impôts, mais
disposez-vous à les acquitter exactement l'année prochaine.
" Et vous, aghas, rappelez-vous que vous n'avez pas à
exercer le pouvoir dans votre intérêt, mais dans celui des
hommes qui sont placés sous votre commandement. Renoncez à
ces habitudes d'avidité qui ont trop souvent déshonoré les
chefs musulmans, et que je punirai sévèrement. La justice
est la seule base solide d'un gouvernement, et Dieu a toujours
frappé les maîtres injustes, quelle que soit leur religion.
" Au nom du Roi des Français, que Dieu le protège et
le comble de gloire, Si-Mohammed-ben-Mahy-ed-Din, je vous
nomme khalifa de la province de Sebaou.
" Aghas et kaïds, vous reconnaissez pour khalifa Si
Mohammed-ben-Mahy-ed-Din ; vous lui obéirez et le respecterez
comme votre chef, comme le représentant de la France et comme
votre intermédiaire entre nous et vous. Que Dieu vous
protège ! "
Le khalifa répondit :
" Que Dieu bénisse l'heure où je t'ai rencontré,
noble général, khalifa du roi de France ; qu'il m'inspire
l'esprit des bonnes oeuvres et la force de les accomplir ;
qu'il fasse sortir de ma bouche, qui est celle de tous les
Arabes que tu vois devant toi, des paroles dignes de répondre
à celles pleines de force et de sagesse dont nos oreilles
viennent d'être frappées.
" Nous ne sommes venus dans cette enceinte révérée
que bien pénétrés des dispositions qui doivent nous animer.
Dieu a ouvert nos yeux à la vérité ; aussitôt que tu nous
as donné l'aman, nous sommes venus à toi. Que Dieu bénisse
cette heure !
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