Tous ces travaux nécessitèrent
une grande énergie de la part de nos troupes, car ils
s'exécutaient en général sous une pluie battante, dans des
terrains boueux ou glissants. Ce sont de pareilles
conjonctures qui font apprécier nos soldats à leur juste
valeur.
Le mauvais temps rendit la marche sur Dellys également
pénible. On pénétra, pour la première fois, dans la
vallée du Sebaou. Les villages y apparaissaient rapprochés
et considérables, bâtis la plupart en pierre sèche, dans
des positions défensives, ayant chacun leur ceinture de
vergers, et, pour dépendances, des cultures qui s'étendaient
depuis l'origine supérieure des terres végétales jusqu'aux
berges de la rivière.
L'Oued-Neça, qu'on devait passer non loin de son
embouchure, roulait un volume d'eau très-effrayant. Au gué
le plus favorable, sa largeur dépassait cent mètres, sa
profondeur un mètre, et la vitesse était torrentielle ;
cependant les troupes et le convoi traversèrent dans la
journée du 7 ; mais lorsque vint le tour du goum, la crue
toujours prolongée ne permettait plus le passage d'un
cavalier : l'essai en fut tenté à diverses reprises et amena
la perte de deux ou trois Arabes entraînés avec leurs
chevaux. En vain descendit-on ensuite jusqu'à l'embouchure de
la rivière, dans l'espoir de passer la barre de sable qui y
règne habituellement : l'affluence des eaux l'avait brisée
sur plusieurs points, et de profonds thalwegs la sillonnaient.
Ainsi l'armée se voyait coupée en deux parties, dont
l'une toute indigène, d'une valeur militaire très-comparable
à celle de nos ennemis, pouvait être attaquée isolément
par eux, puisque maîtres du cours supérieur de l'Oued, ils manœuvraient
à volonté sur l'une ou l'autre rive. Heureusement, une
situation aussi critique ne dura pas longtemps, et les Kabyles
arrivèrent trop tard pour la mettre à profit. Leur attention
avait été distraite du mouvement essentiel, par la présence
du petit camp
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