|
une pente assez rapide et couverte de sapins; le sommet ; effilé en cône,
domine la vallée et se termine à 512 toises d'élévation au-dessus des
bains, ce qui ne I'empêche pas d'être au-dessus du niveau de la mer d'une
centaine de toises de plus que le Puy-de-Dôme.
« A présent rentrons chez nous par la route de Clermont à Saint-Flour; ce
sont 23 lieues à parcourir.
« Nous passerons par Issoire, ville de 5000 habitans, dans une situation
délicieuse au milieu d'une plaine entourée de hauteurs, sur la Couze, près
de son confluent avec l'Allier. C'est une des plus jolies villes de l'Auvergne,
avec quelques rues bien bâties et grand nombre de jardins de maraîchers dans
ses faubourgs; les produits s'en portent dans les villes voisines à six lieues
à la ronde. Elle commerce en vins, chanvre et bestiaux. Ses environs donnent
du tripoli et de l'améthyste.
« La contrée devient moins riante en approchant de la montagne la Fageole,
dont le passage est dangereux dans la saison des neiges, et dont le revers
opposé amène enfin, par une longue descente, à Saint-Flour. Cette ville
occupe la crête d'une montagne à cime plate, qui autrefois fut volcanisée.
On y jouit d'une vue étendue, mais par malheur la contrée est pauvre et les
montagnes sont stériles. Saint-Flour est peut-être la ville du royaume dont
la physionomie est la plus triste. Ses maisons et son pavé de lave, d'une
couleur sombre, lui ont
|
|
|
|
fait donner le nom de ville noire. Son commerce consiste surtout
en chaudronnerie.
« Vous savez aussi bien que moi que l'on visite les monts du
Cantal, en se dirigeant à l'ouest de Saint-Flour par Murat et Vic
sur Aurillac.
« Aurillac, ville de 10,000 habitans, bien bâtie, dans un vallon
arrosé par la Jordane, se présente assez bien à distance ; et à
l'intérieur ses rues, quoique non régulières, sont larges et
saines. Elle est dominée par un château fort élevé, situé dans
un de ses faubourgs. Elle a renoncé à la dentelle que Colbert
prétendait lui apprendre à travailler, et s'en tient à la
chaudronnerie et à quelques articles d'orfèvrerie. Elle commerce
en chanvre, laines, bestiaux et chevaux pour la remonte militaire.
Ses fromages, qu'elle tire du mont Cantal, sont fort estimés.
« Nous avons commencé nos voyages par une ascension aux tours
Notre-Dame à Paris; nous les terminerons par nous poser sur le
sommet du Cantal, dont la hauteur est égale à celle du Mont-Dor;
c'est le point le plus élevé du centre de la France. Là-bas nous
eûmes sous les yeux les traces des révolutions successives que la
civilisation, dans une marche de 18 siècles, a imprimées au front
de la grande cité; ici, en fouillant les entrailles de la montagne,
nous pourrons étudier les traces, pour le moins aussi
intéressantes, des révolutions que la main de Dieu a imposées à
notre globe, pendant une
|
|