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   marche peut-être de trois cent mille ans : c'est l'âge que messieurs les géologues s'accordent à donner à notre planète.
« Mais je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler de la Corse : courons vite nous embarquer à Toulon.
« Après un trajet de 65 lieues en mer, nous débarquerons dans le port d'Ajaccio, sur la côte occidentale de l'île. Cette ville était située autrefois au fond du golfe et non sur sa partie nord; mais l'influence malsaine de marais voisins, aujourd'hui desséchés, força les habitans à changer de lieu. Sa population, qui a beaucoup augmentée, est maintenant de 9500 habitions, Elle possède une superbe promenade au bord de la mer. Le port est vaste et sûr. La maison où est né Napoléon existe encore : elle est de chétive apparence, a quatre croisées de face et deux étages. On y voit un petit canon de trois pieds de long, qui servait de jouet au héros enfant. Ajaccio va s'enrichir d'un monument dont la France entière fera les frais. C'est une souscription nationale à laquelle chaque Français contribuera de grand cœur.
« La route principale qui traverse l'île, nous conduira à Corte, située dans la partie centrale sur une éminence isolée et d'un accès difficile. Son château fort, assis sur un roc hérissé de pointes et entouré de précipices, serait imprenable, s'il n'était pas exposé à manquer d'eau. La population est de 3300 habitans.
« Bastia, sur la côte orientale, en compte 4500.
    

 

   

Elle était regardée autrefois comme capitale de la Corse, parce qu'alors elle était soumise aux Génois et qu'ils abordaient de préférence sur cette côte, qui regarde l'Italie. Plus tard nous autres Français avons donné la préférence à Ajaccio, parce que son port est meilleur. Celui de Bastia est cependant commode pour les petits vaisseaux. La citadelle, dominée du côté de la terre par des montagnes, n'est bonne que pour défendre le port.
« La plus grande longueur de l'île est de 39 lieues : sa largeur varie de 18 à 15. Un tiers seulement est cultivé, et cependant le sol est en grande partie propre à toute sorte de culture. Les travaux de ce genre les plus pénibles sont exécutés par des journaliers qui émigrent tous les ans de la principauté de Lucques en Italie; les Corses regardant généralement cette sorte de travail comme indigne d'eux.
« L'île fournit à sa consommation en céréales. Elle donne plus de seigle que de froment, beaucoup d'orge, mais point d'avoine, et c'est avec l'orge qu'on nourrit les chevaux. On y trouve les fruits précieux du climat de l'Espagne, l'amandier, le citronnier, l'oranger, le figuier, le mûrier. L'olivier y croît spontanément dans les terres incultes. La richesse du pays consiste surtout en hautes et belles futaies, où règnent les chênes, les pins et sapins, préférables pour les bois de mâture à ce que fournit le nord de l'Europe. Le fer est peu abondant, le cuivre et le plomb se trouvent, mais ne sont point exploités.

 
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