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et qui aiment leurs aises, courent la poste; c'est-à-dire, ont une voiture à
eux, et s'ils ne sont que deux personnes, trouvent à chaque relais un
postillon et deux chevaux, qui leur font parcourir une distance de deux lieues
de deux mille toises, ce qu'on appelle une poste, moyennant 5 francs. En raison
proportionnelle du luxe qu'ils déploient, ils doivent se résigner à être
écorchés par les aubergistes. Le moins qu'ils paient un lit, c'est 5 francs;
on leur demande de dix à vingt francs pour le repas le plus ordinaire. Les
gens pressés courent la poste dans les malles-postes, qui font pour le compte
du gouvernement le service du transport des lettres. Ces voitures prennent
trois voyageurs avec un bagage d'une soixantaine de livres, et chacun d'eux
paie un franc cinquante centimes par poste. Les diligences changent de chevaux
moins fréquemment, et vont un tiers moins vite; en prenant les meilleures
places, celles du coupé, et en comptant les deux repas par jour, à 3 francs
chacun, on peut compter pour un voyage entre 5 centimes et un franc au plus par
lieue. Il en coûte moins si l'on prend les places de fa rotonde ou de
l'impériale. Des carrioles ou pataches, mauvaises voitures très-dures et
rarement suspendues, vous transportent à des distances d'une dizaine de lieues
avec le même cheval , à raison de 40 à 50 centimes an plus par lieue.
Moyennant cinq francs par jour, un voiturin vous donnera une place dans un
vieux carrosse, et vous transportera au pas sans changer de chevaux,
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et en faisant de dix à quinze lieues par jour, d'une extrémité
de la France à l'autre. Ajoutez cinq autres francs, et il se
chargera de votre nourriture et de votre gîte; arrangement que je
ne vous engage pas à faire: car, pour ajouter à son gain, il vous
conduira dans les purs mauvaises auberges. Les commerçans qui
emploient des commis-voyageurs, leur passent ordinairement une
dépense pour l'homme et le cheval de dix francs par jour. Le
piéton trouve à vivre à tout prix; sur toutes les routes à
côté de bonnes auberges se rencontrent de modestes bouchons.
" Je sortis de Paris par la barrière d'Italie, ainsi
nommée, parce qu'en effet cette route conduit en Italie. Ce qui
frappa d'abord mes regards, fut le château de Bicêtre, situé à
droite sur une hauteur. Le château actuel, construit par Louis XIV
sur l'emplacement d'un autre, qui datait du 13ème siècle, fut
donné par ce monarque à la ville de Paris, pour servir d'hôpital
général. Plus tard il devint une maison d'asyle pour les pauvres,
et une prison. Les condamnés à mort y restent en dépôt jusqu'à
leur exécution; les condamnés aux galères y attendent le départ
d'une chaîne, c'est-à-dire, d'un nombre suffisant pour être
livrés, rivés moyennant un carcan à une longue chaîne, à une
escorte de gardiens qui les conduise dans un port de mer. Plus de
3000 personnes habitent dans cette enceinte. Un puits de 16 pieds de
diamètre, et de 171 de profondeur, ou deux seaux énormes puisent
alternativement, et se remplissent par
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