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carillon qui joue un air. -Voilà bien du travail, dit Gros-Jean, dépensé
pour indiquer l'heure; ma grosse bassinoire en argent m'indique l'heure tout
aussi bien et sans tant de cérémonie. -Voilà la différence de notre siècle
avec les précédens. Anciennement le génie était aux gages de riches oisifs,
qui l'employaient a exécuter pour leur amusement mille babioles coûteuses.
Aujourd'hui il travaille pour des entrepreneurs d'industrie, qui ne lui
commandent que des mécaniques utiles. Lippius, s'il eût vécu de notre temps,
eût peut-être perfectionné la machine à vapeur. Un des plus honorables
exemples du bon emploi de la fortune a été donné, il y a quelques années,
par un digne Lyonnais, le général-major Martin. Après avoir acquis de
grandes richesses au service de la Compagnie anglaise des Indes, il a fait à
sa patrie un legs considérable pour fonder une école qu'on a nommée La
Martinière, dans laquelle on enseigne gratuitement aux jeunes ouvriers tout ce
qui peut faire prospérer leur industrie. La place Bellecour et celle des
Terreaux peuvent le disputer en beauté à celles de Paris. La bibliothèque de
la ville passe pour la plus belle des départemens; elle renferme 106,000
volumes et plus de 800 manuscrits dans toutes les langues, entre autres un
superbe livre des lois chinoises, et les antiquités d'Herculanum, ouvrage
donné par le roi de Naples. L'industrie lyonnaise consiste surtout dans la
fabrication des soieries de
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foule espèce, velours, bas, rubans, galons, broderies, etc., qui
s'exportent par toute l'Europe, surtout l'Allemagne et la Russie.
Cette dernière enlève à elle seule la moitié des velours; la
France ne consomme que le dixième de la fabrique. C'est Lyon qui
achète avec Nîmes les soies du Languedoc, avec Avignon celles de
la Provence. Dans la prospérité commerciale il enrichit ces deux
provinces, s'il vient à se reposer adieu leur fortune. Il sert
aussi de grand marché aux soies du Piémont, qui sont les plus
belles qu'il mette en œuvre. La chapellerie de Lyon est estimée,
mais n'est qu'une branche secondaire de commerce, aussi bien que ses
brasseries, sa fabrication de papier, de librairie, etc. Lyon sert
d'entrepôt principal pour les produits de toute nature entre le sud
et le nord de la France.
" De Lyon veut-on entrer en Suisse et aller à Genève, dont on
n'est éloigné que d'une quarantaine de lieues, on laisse à sa
droite le Rhône et l'on vient gagner Montluel, Meximieux,
Pont-d'Ain, Nantua, petites villes, dont la plus grande compte 3000
âmes. Les habitans de cette contrée peu productive sont pauvres,
mais laborieux et intelligens. Un grand nombre émigre l'hiver, et
va chercher au loin un modique salaire dans l'exercice de
professions pénibles, surtout celle de peigneurs de chanvre.
" Au point où la route vient toucher la frontière, le Rhône
qui la borde depuis quelques
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