De grands barrages-réservoirs sont en
construction qui accroîtront notablement cette surface, en particulier
dans la plaine du Chélif, au prix de travaux coûteux. Mais
l'irrigation n'est pas une panacée dans l'Afrique du Nord; les surfaces
irrigables seront toujours très restreintes, quoi qu'on fasse, et les
oueds algériens font bien pauvre figure à côté du Nil, du Gange, du
Niger, de l'Euphrate. C'est surtout en favorisant la pénétration de
l'eau dans le sol pendant la période des pluies qu'on constituera des
réserves aquifères souterraines qui permettront à l'Algérie de
lutter contre la sécheresse. Dans les régions sahariennes, où aucune
culture n'est possible sans irrigation, les Européens sont venus au
secours des indigènes; la corporation des puisatiers indigènes, qui
avaient le monopole du pénible et dangereux travail du forage des puits
artésiens, a cédé la place à l'industrie française, qui a obtenu
dans l'Oued-Rir des résultats merveilleux et rendu la vie à beaucoup
d'oasis qui se mouraient. Mais aux Européens aussi les conditions
naturelles imposent en cette matière des limites assez étroites.
De toutes les cultures de l'Algérie, les céréales sont celles qui
occupent de beaucoup les plus vastes surfaces, 3 millions d'hectares en
moyenne sur 4 millions d'hectares cultivés. Un ensemble de procédés,
connus sous le nom de dry farming, ont pour but et pour effet
d'utiliser le plus complètement possible l'eau des précipitations
atmosphériques, de réduire au minimum les pertes d'eau par
évaporation et de faire profiter une récolte de l'eau tombée pendant
deux années consécutives. Le dry farming a permis d'une part
d'augmenter, de régulariser les rendements, d'autre part de consacrer
à la culture des céréales des régions situées à la limite du Tell
et des steppes, comme le Sersou, où on ne s'y livrait pas autrefois.
Les indigènes, par leur nombre et par les espaces qu'ils détiennent,
sont les grands producteurs de céréales de l'Algérie; sur 3 millions
d'hectares, ils en ensemencent environ 2 300 000 ; ils cultivent de
préférence l'orge et le blé dur. Les Européens pratiquent aussi la
culture des céréales, surtout dans les plaines un peu sèches de
l'intérieur, telles que la plaine de Bel-Abbès et celle de Sétif; ils
ensemencent surtout le blé tendre et l'avoine et obtiennent des
rendements plus élevés et plus réguliers que les indigènes. Une
augmentation très notable peut être réalisée par la mise au point
des cultures indigènes et par la collaboration entre les indigènes et
les colons. La moyenne de l'exportation algérienne est de 1 200 000
quintaux de blé et de 800 000 quintaux d'orge; mais elle atteint
souvent des chiffres beaucoup plus élevés dans les bonnes années; par
contre, si la récolte est déficitaire, l'Algérie devient
importatrice.
La vigne est la plus importante des cultures européennes et son
développement est le fait économique le plus remarquable de l'histoire
moderne de l'Algérie. |