La plupart de ces industries ne comportent
que des installations rudimentaires; il est évidemment possible de les
développer dans une certaine mesure, mais l'Algérie ne présente pas
jusqu'à nouvel ordre des conditions très favorables à la grande
industrie. Il est vraisemblable qu'elle trouvera longtemps encore
avantage à échanger ses produits agricoles contre les produits
manufacturés de France et d'Europe.
Les voies de communication sont indispensables à la mise en valeur
de l'Algérie. Dans les vieux pays, la route et le rail drainent un
trafic préexistant : ils le créent dans les pays neufs. Un bon réseau
de communications est d'autant plus nécessaire que la Berbérie est
complètement dépourvue de cours d'eau navigables; c'est un corps sans
artères, où le sang ne circule pas. Seul, le rail permet aux forces
militaires de se transporter rapidement d'un point à un autre, favorise
les échanges, diminue le prix de revient des objets manufacturés,
facilite aux indigènes la vente de leurs récoltes et de leur bétail,
arrache enfin les tribus à leur isolement pour les faire vivre de la
vie générale. La vapeur triomphe de la distance, qui a toujours été
en Algérie le grand obstacle; elle est, pour tout dire d'un mot, le
véhicule de la civilisation. A côté de plus de 5 000 kilomètres de
routes nationales et d'environ 20 000 kilomètres de chemins de grande
communication ou vicinaux, l'Algérie compte 4 789 kilomètres de
chemins de fer d'intérêt général en exploitation. C'est peu pour
assurer les échanges sur 300 000 kilomètres carrés peuplés de 5
millions d'habitants. Mais on ne saurait en aucune façon comparer à
cet égard l'Algérie aux pays de l'Europe occidentale. Du fait que la
population est très clairsemée sur des espaces immenses, des voies de
communications sont plus nécessaires que partout ailleurs, mais elles
sont aussi moins productives. La ligne parallèle à la mer, avec les
voies qui lui servent de débouchés vers les ports, est à peu près la
seule dont l'exploitation soit rémunératrice; les lignes du Sud, trop
éloignées des pays de colonisation et de culture, sont, sauf quelques
exceptions, assez peu productives. Mais les recettes nettes des chemins
de fer ne permettent pas à elles seules d'évaluer leur utilité. Le
premier et le plus incontestable produit du réseau algérien, le
maintien de la sécurité, l'accroissement de la fortune publique, ne
peut guère se chiffrer.
Quel que soit le sort ultérieur des projets de transsaharien, il est
bien évident que c'est la façade méditerranéenne qui restera
toujours la façade la plus vivante et la plus intéressante. Les
échanges de " l'île du Maghreb " se font par ses ports dans
une proportion de plus de 95 pour 100. Pour les ports comme pour les
autres travaux publics, la France a longtemps hésité à faire les
avances de fonds nécessaires à la mise en valeur. |