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  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
  
La société berbère tout entière est travaillée par des ferments d'anarchie ; elle a la haine de l'unité de l'empire comme les donatistes ont la haine de l'unité de l'Église. L'ordre et l'orthodoxie trouvèrent un défenseur éminent dans l'évêque d'Hippone, saint Augustin, né à Thagaste (Souk-Ahras) d'un père Romain et d'une mère Berbère; il avait été professeur d'éloquence à Rome et à Milan. Il combattit avec ardeur toutes les hérésies, manichéisme, pélagisme, donatisme, et constitua d'une manière à peu près définitive le dogme catholique. Saint Augustin est sans doute le plus grand homme qu'ait produit l'Afrique du Nord : « Il unit, dit S. Gsell, la raison classique à une foi brûlante comme le ciel africain; il fut le plus illustre représentant d'un pays qui, par sa place dans la Méditerranée, appartient à la fois à l'Occident et à l'Orient. » Mais il ne put empêcher la destruction de l'œuvre des Romains. Lorsqu'il mourut en 430, les Vandales assiégeaient sa ville épiscopale. Vingt-cinq ans plus tard, la domination romaine avait complètement disparu en Berbérie.

LES VANDALES

Au début du cinquième siècle, les Barbares avaient déjà pénétré en Gaule et en Espagne; il était inévitable qu'ils arrivassent jusqu'en Afrique; des intrigues de cour les y aidèrent. Ils furent appelés par un gouverneur mécontent, le comte Boniface, en rébellion contre l'autorité impériale; il leur offrit de partager avec lui les provinces d'Afrique. Genséric accueillit ces ouvertures et passa le détroit de Gibraltar.
Les Vandales occupèrent sans résistance le pays qui leur était livré; de tous côtés, les nomades accoururent au pillage; les donatistes se joignirent aux Barbares, qui étaient ariens et comme tels ennemis des catholiques; tous ceux que la société romaine écrasait de son poids se levèrent pour la détruire. Mais les Vandales ne s'arrêtèrent pas à la limite qu'ils avaient d'abord acceptée. En trois ans, de 427 à 430, ils conquirent l'Afrique du Nord depuis le détroit de Gilbraltar jusqu'à Bône. En 439, ils prirent Carthage, puis étendirent leurs dévastations aux Baléares, à la Corse, à la Sardaigne, pillèrent enfin Rome en 455.
L'histoire des Vandales ne nous est connue que par les écrits de leurs ennemis, des écrivains grecs comme Procope ou catholiques comme Victor de Vite, qui voyaient en eux des persécuteurs de l'église orthodoxe. Ils passent pour avoir été les plus destructeurs de tous les barbares, comme en témoigne le mot de vandalisme qui est resté dans notre langue. Mais il faut se défier des exagérations de langage des écrivains du temps. Les Vandales, comme les autres barbares, eurent le respect de la civilisation romaine ; ils conservèrent les formes administratives et les institutions impériales. Ils étaient fort peu nombreux, 50000 à 80000.
 
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