Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE PREMIER - CHAP. 1 Page suivante
  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
  
C'était moins une nation qu'une armée. Genséric pourvut à l'existence de ses soldats en leur distribuant des terres; pourtant il ne semble pas que les anciens possesseurs du sol aient été expropriés en masse. La condition des cultivateurs ne devint ni meilleure ni pire, mais l'aristocratie romaine et surtout l'Église furent très maltraitées. En 484, la persécution fut générale; les églises furent fermées ou livrées au culte arien, les biens ecclésiastiques donnés au clergé vandale, les évêques déportés. Quant aux indigènes, Genséric les ménagea et les fit participe à ses courses maritimes, qui ont déjà comme un avant-goût de la piraterie barbaresque.
Genséric paraît avoir été un des chefs les plus remarquables parmi les barbares, mais la décadence du puissant empire qu'il avait fondé commença à sa mort. Débilités par le climat, étourdis par les splendeurs d'une civilisation raffinée, abusant de la bonne chère, passant tout leur temps dans les thermes et les théâtres, les Vandales perdirent vite leur énergie; ces hommes du Nord fondirent comme la neige au soleil d'Afrique et disparurent sans laisser de traces. Leur royaume n'avait point de racines; c'est ce qui explique la rapidité de sa chute. Les indigènes recouvrèrent en fait leur indépendance; bientôt des révoltes éclatèrent de toutes parts; les montagnards de l'Aurès descendirent dans les plaines de Numidie et détruisirent les belles cités qui avaient été jadis si florissantes.

LES BYZANTINS

Les Berbères auraient probablement balayé eux-mêmes les Vandales si les Grecs ne s'en étaient chargés. En 533, par une rapide campagne militaire, Bélisaire établit en Afrique l'autorité de l'empereur de Constantinople, héritier légitime de Rome. Le royaume vandale disparut; il n'avait duré qu'un siècle.
Dès 534 parurent deux rescrits de Justinien relatifs l'un à l'administration militaire, l'autre à l'administration civile. Le commandement supérieur des troupes appartenait à un magister militum, qui avait sous ses ordres des duces; il leur était recommandé de tenir leurs effectifs au complet et de reconstituer par une sorte de colonisation militaire la garde des frontières. En même temps, on travaillait à rétablir les défenses, à réparer les places, à dresser de nouvelles forteresses. On ramassait pêle-mêle les décombres des édifices, les pierres tombales, les frises des temples, les statues et on les empilait dans d'énormes murailles. On peut voir de ces bâtisses à Madaure, à Tébessa, à Timgad, à Mila. Elles sont comme le symbole de la restauration byzantine, reconstruction hâtive avec des débris du passé.
Les Byzantins ont eu l'honneur de sauver dans une partie de l'Afrique septentrionale ce que les Vandales et les indigènes avaient laissé subsister de la
 
  21  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante