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C'était moins une nation
qu'une armée. Genséric pourvut à l'existence de ses
soldats en leur distribuant des terres; pourtant il ne
semble pas que les anciens possesseurs du sol aient été
expropriés en masse. La condition des cultivateurs ne
devint ni meilleure ni pire, mais l'aristocratie romaine et
surtout l'Église furent très maltraitées. En 484, la
persécution fut générale; les églises furent fermées ou
livrées au culte arien, les biens ecclésiastiques donnés
au clergé vandale, les évêques déportés. Quant aux
indigènes, Genséric les ménagea et les fit participe à
ses courses maritimes, qui ont déjà comme un avant-goût
de la piraterie barbaresque.
Genséric paraît avoir été un des chefs les plus
remarquables parmi les barbares, mais la décadence du
puissant empire qu'il avait fondé commença à sa mort.
Débilités par le climat, étourdis par les splendeurs
d'une civilisation raffinée, abusant de la bonne chère,
passant tout leur temps dans les thermes et les théâtres,
les Vandales perdirent vite leur énergie; ces hommes du
Nord fondirent comme la neige au soleil d'Afrique et
disparurent sans laisser de traces. Leur royaume n'avait
point de racines; c'est ce qui explique la rapidité de sa
chute. Les indigènes recouvrèrent en fait leur
indépendance; bientôt des révoltes éclatèrent de toutes
parts; les montagnards de l'Aurès descendirent dans les
plaines de Numidie et détruisirent les belles cités qui
avaient été jadis si florissantes. |
LES
BYZANTINS |
Les Berbères auraient
probablement balayé eux-mêmes les Vandales si les Grecs ne
s'en étaient chargés. En 533, par une rapide campagne
militaire, Bélisaire établit en Afrique l'autorité de
l'empereur de Constantinople, héritier légitime de Rome.
Le royaume vandale disparut; il n'avait duré qu'un siècle.
Dès 534 parurent deux rescrits de Justinien relatifs l'un
à l'administration militaire, l'autre à l'administration
civile. Le commandement supérieur des troupes appartenait
à un magister militum, qui avait sous ses ordres des duces;
il leur était recommandé de tenir leurs effectifs au
complet et de reconstituer par une sorte de colonisation
militaire la garde des frontières. En même temps, on
travaillait à rétablir les défenses, à réparer les
places, à dresser de nouvelles forteresses. On ramassait
pêle-mêle les décombres des édifices, les pierres
tombales, les frises des temples, les statues et on les
empilait dans d'énormes murailles. On peut voir de ces
bâtisses à Madaure, à Tébessa, à Timgad, à Mila. Elles
sont comme le symbole de la restauration byzantine,
reconstruction hâtive avec des débris du passé.
Les Byzantins ont eu l'honneur de sauver dans une partie de
l'Afrique septentrionale ce que les Vandales et les
indigènes avaient laissé subsister de la |
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