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  VUE GÉNÉRALE DE L'ALGÉRIE JUSQU'AU XVI SIÈCLE  
     
  
civilisation romaine. Pendant plus d'un siècle, ils ont retardé la catastrophe finale. Le rôle principal dans cette restauration appartient au général Solomon, qui avait été le lieutenant de Bélisaire et qui prit après lui le commandement des troupes. Mais les Byzantins pas plus que les Vandales ne dominèrent toute l'Algérie; beaucoup de régions de l'intérieur et de l'Ouest leur restèrent fermées; au delà de Sétif, ils n'occupèrent guère que quelques points de la côte.
La domination grecque, à peine établie, était déjà vacillante. Le fisc, réorganisé avec toute la rapacité du Bas-Empire, exaspérait la population romaine; les Ariens, après avoir persécuté les catholiques, étaient persécutés à leur tour. Les mutineries des soldats, les pillages des tribus se multipliaient. Les insurrections indigènes recommencèrent ; le soulèvement que raconte le poème de Corippus, la Johannide, paraît avoir été formidable; de l'Aurès jusqu'à la Tripolitaine, toutes les tribus étaient révoltées et les Sahariens de l'extrême Sud arrivaient à la rescousse. Du vivant même de Justinien, tout annonçait la ruine prochaine de cette restauration factice.
Il n'est rien resté de la domination romaine en Afrique que des ruines. La civilisation romaine et la langue latine, qui ont subsisté en Espagne et en Gaule, ont complètement disparu dans l'Afrique du Nord. Aucune langue romane n'y a survécu, aucun groupe chrétien ne s'y est maintenu. « De toutes les régions sur lesquelles s'est étendue la civilisation romaine, dit Albertini, il n'y en avait guère qui eussent montré plus d'aptitude à s'assimiler cette civilisation; il n'y en a aucune où cette civilisation ait été aussi complètement abolie. » Cette extirpation complète du passé romain suppose qu'il y avait dans la romanisation de l'Afrique des lacunes et des vices ; le territoire soumis était trop peu étendu et il s'y était conservé dans les montagnes et dans le désert des îlots, des réserves de barbarie; les immigrants étaient trop peu nombreux, l'assimilation des indigènes trop superficielle. L'extérieur était romain, le fond était demeuré indigène : « Non seulement, dit Gaston Boissier, le caractère berbère n'a pas été modifié par toutes les populations étrangères qui s'étaient flattées de se l'assimiler, mais il les a submergées et recouvertes comme une épave. »
 

 III LA PREMIÈRE INVASION ARABE

 
Au septième siècle, la civilisation antique, déjà frappée à mort par les indigènes et les Vandales, périt par l'invasion arabe. L'Afrique du Nord se sépare du monde latin pour entrer dans le monde de l'Islam : « Cette contrée, dit S. Gsell, que l'Orient et l'Occident s'étaient
 
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