si longtemps disputée, qu'ils avaient tour à tour marquée
profondément de leur empreinte, où ils s'étaient mêlés pour
former le christianisme latin, appartient désormais tout entière
à l'Orient; l'unité méditerranéenne cesse d'exister. »
A partir de la fin de la domination romaine, l'histoire de l'Afrique
du Nord est celle des tribus qui tour à tour y acquièrent
l'hégémonie. Ces tribus se personnifient dans des dynasties
sorties de leur sein et qui prennent sur elles leur point d'appui;
puis elles s'épuisent dans les combats, s'amollissent dans la vie facile des villes et
sont alors remplacées par d'autres, qui, au bout d'un temps plus
ou moins long, disparaissent à leur tour.
Les luttes des tribus sont la véritable histoire de l'Afrique du
Nord; mais les matériaux dont nous disposons pour écrire cette
histoire sont des plus incomplets et des plus médiocres. Ce
ne sont que sacs de villes, pillages, razzias ; les dynasties se
succèdent comme les vagues de la mer ou comme les dunes du Sahara,
sans qu'aucun progrès se dégage de ce chaos. Jamais les
groupements n'ont été agrégés en un État véritable; à
certaines époques, une organisation superficielle et éphémère
leur a été imposée du dehors, mais, à chaque défaillance du
pouvoir central, ils sont retournés à leur anarchie
traditionnelle.
Dix ans après la mort du Prophète, les Arabes avaient conquis une
grande partie de l'Asie-Mineure, et poussaient leurs avant-gardes
vers le Maghreb. L'Afrique, dépendance éloignée de Byzance,
était une proie facile; cependant les khalifes redoutaient cet «
Occident perfide » et hésitaient à s'y engager. Ce ne fut qu'en
647, sous le khalife Othman, que parurent les premières bandes.
La conquête arabe du septième siècle n'a nullement le caractère
d'une véritable invasion. Les petites armées syriennes qui
l'accomplirent ne doivent pas
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