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Aroudj avait été
pris par les galères de Rhodes et la tradition veut que
plus tard, lorsqu'il régna à Alger, il se soit souvenu de
l'organisation militaire des chevaliers. Parvenu à
s'évader, il se rendit à Tunis, où il fut bien reçu par
le souverain hafside; bientôt rejoint par son frère
Kheir-ed-Din, il se créa une principauté indépendante
dans l'île de Djerba. Ses succès amenèrent sous ses
ordres un grand nombre d'aventuriers; le sultan de Tunis
était leur recéleur et leur complice; en une fois, ils lui
offrirent cinquante jeunes Espagnols tenant des chiens en
laisse, des oiseaux rares et quatre jeunes filles nobles
parées de beaux vêtements et montées sur de beaux
chevaux. |
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Les Kabyles de Bougie vinrent demander secours à Aroudj
contre les Espagnols; il attaqua la place à diverses
reprises, mais il eut le bras emporté par un boulet et dut
finalement lever le siège. Malade et découragé, il se
retira à Djidjelli, où les habitants d'Alger allèrent à
leur tour solliciter son intervention, lui demandant de
détruire la forteresse espagnole, l'odieux Pefion, qui les
empêchait de faire la course et qui était « comme une
épine plantée dans leur cœur ». Aroudj envoya par mer
seize bâtiments, sur lesquels il embarqua la moitié de ses
Turcs avec son artillerie et son matériel, et se mit en
route en suivant la côte à la tête du reste de ses
soldats, au nombre de 800, et d'un contingent d'environ 5 000
auxiliaires kabyles. Aroudj ne prit pas le Pefion, que ses
boulets ne purent atteindre, mais se rendit maître d'Alger,
après avoir de ses propres mains égorgé dans son bain
Salem-et-Teumi, chef de la tribu des Thaleba qui dominait
dans la Mitidja.
Les Turcs le proclamèrent roi et les indigènes, auxquels
plaisait son énergie, le soutinrent vigoureusement; ses
soldats se chargèrent d'ailleurs d'assouplir la population.
Une expédition de secours, envoyée d'Espagne sous la
conduite de Diego de Vera, échoua dans une tentative pour
s'emparer d'Alger et se rembarqua au bout de trois jours
sous une tempête furieuse (1516).
Aroudj conquit ensuite la vallée du Chélif, livra combat
aux Mehal dans l'OuedDjer, se rendit maître de Médéa et
de Ténès, dont le chef fut empalé. Un parti nombreux
l'appelait à Tlemcen, ensanglantée par les querelles des
princes zeiyanites.
Aroudj intervint dans ces querelles, entra en vainqueur dans
la vieille capitale de Yaghmoracen et fit noyer tous les
princes zeiyanites dans un grand bassin qui servait à
donner des fêtes nautiques. |
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