Les Espagnols,
inquiets de ses progrès et menacés dans Oran, résolurent
de se débarrasser d'un voisinage aussi redoutable. Le
marquis de Comarès, gouverneur d'Oran, fut envoyé contre
lui avec 15 000 hommes de troupes. Aroudj se réfugia dans
le Méchouar où il se maintint pendant plusieurs mois.
Mais, abandonné par les Kabyles las du siège et trahi par
les habitants, il essaya de s'échapper pendant la nuit et
de traverser les lignes espagnoles, semant derrière lui des
bijoux et des pièces d'or pour retarder la poursuite. Il
fut néanmoins atteint près du Rio-Salado et périt après
une résistance désespérée; sa tête fut envoyée au
gouverneur d'Oran, ainsi que son vêtement de velours rouge
brodé d'or, dont on fit une chape, connue sous le nom de
chape de Barberousse, pour le couvent de Saint-Jérôme de
Cordoue (1518).
Aroudj avait quarante-quatre ans lorsqu'il
mourut. Ses soldats pleurèrent sa mort. Il était resté
quatorze ans en Afrique, il y avait commis toutes sortes de
crimes et d'atrocités, mais il avait posé les bases d'une
domination nouvelle; il avait soumis la Mitidja, la vallée du
Chélif, le Titteri, le Dahra, l'Ouarsenis, Tlemcen; il
avait porté le coup mortel à la dynastie des Zeiyanites ;
il avait, mieux que les Espagnols, compris que, pour être
maître de la côte d'Afrique, il faut occuper une très
large zone de l'intérieur. « Il fut le premier, dit Haedo,
qui amena les Turcs en Barbarie et qui leur apprit à
goûter les richesses de l'Occident; doué d'une incroyable
astuce et d'un caractère incontestablement valeureux, il
commença la grande puissance d'Alger et de la Barbarie. »
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