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  L'ALGÉRIE SOUS LES TURCS  
     
  
septentrionale, s'empara de Tunis et en chassa le sultan Moulay-Hassan, allié des Espagnols. La riposte ne se fit pas attendre : en 1535, Charles-Quint en personne vint assiéger Tunis et prit la ville. Barberousse répara cet échec par les coups d'au­dace dont il était coutumier : il pilla Majorque et chargea sur ses navires un nombre extraordinaire de captifs; la nouvelle de cette razzia parvint à Rome au milieu des fêtes données pour célébrer la prise de Tunis. En 1536, le sultan Soliman appela Kheir-ed-Din à Constantinople et lui donna, avec le titre de capitan-pacha, le commandement de sa marine. Le reste de sa vie n'appartient pas à l'histoire de l'Algérie; il conserva néanmoins le titre de beylierbey d'Afrique et n'oublia pas le pays où il avait fondé sa fortune. Il mourut en 1546, chargé d'ans et d'honneurs.
Kheir-ed-Din est le véritable créateur de la Régence d'Alger. Audacieux et tenace, souple et cruel, il avait su, en faisant de sa conquête une partie intégrante de l'empire ottoman, lui assurer des ressources durables. Il rêva toute sa vie de fonder un empire qui aurait compris toutes les provinces de l'Afrique du Nord. Cet État fût devenu une puissance maritime de premier ordre et eût assuré la suprématie de l'Islam dans la Méditerranée. Il était parvenu à convaincre le sultan Soliman, mais la défiance jalouse du Divan vint entraver à plusieurs reprises l'exécution de ce plan. Il légua ce grand projet à ses successeurs, qui furent arrêtés par les mêmes obstacles.

CHARLES-QUINT CONTRE ALGER

Depuis 1536, Kheir-ed-Din avait été remplacé dans le gouvernement d'Alger par un de ses officiers, Hassan­Aga. En 1541 se produit la formidable attaque de Charles-Quint. La flotte comptait 600 voiles, dont 65 grandes galères, montées par 12 000 marins et 24 000 soldats. Ce fut l'un des plus grands armements du seizième siècle; toute la noblesse d'Espagne, d'Allemagne et d'Italie avait envoyé des volontaires; le pape avait voulu que son neveu Colonna en fît partie et l'Ordre de Malte s'y était joint avec ses plus braves chevaliers. Malheureusement, l'armada fut lente à s'organiser et ne fut prête qu'à la fin d'octobre. L'amiral André Doria déclara que c'était beaucoup trop tard : « Juin, juillet, août, disait-il, sont les seuls bons ports de la Méditerranée. » Charles-Quint semble avoir compté pour lui livrer Alger sur une trahison d'Hassan-Aga qui ne se produisit pas; c'est ce qui expliquerait certaines imprudences commises dans la conduite des opérations.
La flotte entra dans la baie d'Alger le 20 octobre; le débarquement commença le 23 et s'accomplit sans difficultés sur la rive gauche de l'Harrach. Le 24, l'armée enveloppa la ville par le Sud et l'empereur établit son quartier général sur le
 
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