L'armée espagnole, sans tentes ni vivres, passa une nuit affreuse.
Les poudres étant mouillées, on ne pouvait plus se servir des
mousquets, tandis que les Maures tiraient facilement sur leurs
adversaires, engagés dans une boue épaisse et alourdis par le poids de leurs armures. Les
troupes, attaquées vigoureusement au point du jour par les
Algériens, se débandèrent; les Chevaliers de Malte arrêtèrent
l'effort des assaillants et reprirent l'offensive; le
porte-étendard de l'Ordre, le Français Savignac, planta sa dague
dans la porte Bab-Azzoun qui se refermait devant lui, en s'écriant
: « Nous reviendrons!».
Cependant la tempête redoublait de
violence; les navires étaient en perdition, surtout les bâtiments
de transport. De Cherchel à Dellys, la côte était couverte
d'épaves et de cadavres. Le matériel entier, vivres, artillerie,
approvisionnements de toute nature, était perdu.
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