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  L'ALGÉRIE SOUS LES TURCS  
     
  
C'était un désastre irréparable ; sur le conseil de l'amiral Doria, l'empereur donna l'ordre de battre en retraite dans la direction du cap Matifou, où la flotte était allée s'abriter ; on mit trois jours pour y parvenir, à travers les terres défoncées, les rivières grossies par les pluies. La retraite s'opéra en aussi bon ordre que le permettaient les circonstances. Charles-Quint commandait en personne l'arrière­garde, composée de Chevaliers de Malte et faisait de temps en temps des retours offensifs avec cette troupe d'élite pour nettoyer le terrain et rallier les traînards. Les Algériens se souvinrent longtemps de ces hommes qui s'étaient si vaillamment battus et c'est sans doute de là que vint la croyance populaire qu'Alger serait pris un jour par des guerriers vêtus de rouge. L'armée se tassa sur les navires qu'avait épargnés la tempête.
La ruine de la grande expédition de Charles-Quint eut des résultats immenses. Le souvenir du désastre de 1541 empêcha plus d'une fois les puissances européennes de tenter une entreprise contre Alger. La cité barbaresque y gagna une réputation de ville imprenable et la puissance des corsaires en fut formidablement accrue.

LA PÉRIODE DES BEYLIERBEYS

Les successeurs de Barberousse continuèrent à lutter contre les Espagnols, en même temps qu'ils soumettaient progressivement tous les petits chefs arabes ou berbères de l'intérieur. Ils faisaient aussi la guerre de course dans la Méditerranée occidentale et prenaient part à des expéditions telles que le siège de Malte et la bataille de Lépante.
Hassan-Pacha, fils de Kheir-ed-Din, lieutenant de son père depuis 1544, fut nommé beylierbey en 1546. Il eut à combattre le comte d'Alcaudete, gouverneur d'Oran, qu'il défit devant Mostaganem, et occupa fortement Tlemcen où il laissa une garnison de 1 500 ioldachs ; il fit construire un bordj au Koudiat-Saboun, embellit et assainit Alger.
Rappelé à Constantinople en 1551, Hassan fut remplacé par Salah-Raïs, ancien compagnon des Barberousse. Celui-ci fit une expédition dans le Sud, à Touggourt et à Ouargla, châtia durement les habitants de ces deux villes et reprit le chemin d'Alger avec un immense butin, 15 chameaux chargés d'or et plus de 5 000 esclaves noirs. Mais il essuya des revers dans la Kabylie des Babors, où il eut à combattre le seigneur de la Kalaâ des Beni-Abbès, son ancien allié. Il entra à Fès en 1554, saccagea la vieille capitale des Mérinides et y installa un sultan de son choix. Puis ce fut le tour de Bougie, qu'il enleva aux Espagnols; la garnison, par suite de l'incurie du gouvernement, n'ayant été ni ravitaillée ni secourue, fut réduite à capituler.
 
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