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  L'ALGÉRIE SOUS LES TURCS  
     
  
trouvèrent un solide point d'appui contre les janissaires dans la corporation des corsaires ou taïffe des raïs, qui leur était très attachée, à eux et à l'empire ottoman.

LES PACHAS TRIENNAUX

Les choses changèrent à la fin du seizième siècle. Le nombre des ioldachs augmenta considérablement; se voyant plus redoutables, ils devinrent plus grossiers, plus arrogants, plus pillards et plus indisciplinés. Leurs officiers composaient le Divan, qui décidait souverainement de la paix et de la guerre, des alliances et des traités, s'inquiétant peu de savoir si la détermination prise était ou non conforme à la politique de la Porte. Les raïs ne se recrutèrent plus comme jadis parmi les marins de l'empire turc, mais parmi les renégats qui affluèrent à Alger à partir de cette époque. Ces nouveaux corsaires furent beaucoup plus âpres au gain et plus cruels que leurs prédécesseurs. Ils n'eurent pour les ordres du sultan que du mépris et comme seuls ils faisaient régner l'abondance dans Alger, ils en devinrent les véritables maîtres.
Après la mort d'Euldj-Ali, il n'y eut plus ni grand chef de guerre, ni grand politique dans la Régence. L'empire turc, qui avait fait à la chrétienté une guerre si redoutable, était bien affaibli et déjà commençait sa longue décadence. La Porte renonça au grand projet qu'avaient conçu les beylierbeys : la création d'un empire en Afrique. Elle considéra les Régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli comme de simples provinces, qu'il suffirait, croyait-elle, d'administrer comme celles de l'Asie Mineure et de la Turquie d'Europe. Elle envoya donc à Alger des pachas qui ne gardaient leur gouvernement que pendant trois ans. Mais les populations de l'Afrique du Nord étaient beaucoup plus indociles et plus remuantes que celles du reste de l'empire. Les janissaires d'Alger se sentaient assez forts pour s'ériger en maîtres et ne laissaient aux pachas que des prérogatives purement extérieures une garde, un palais, des chaouchs, la place d'honneur dans les cérémonies publiques.
En 1635, préludant à la révolution qu'elle devait accomplir vingt-six ans plus tard, l'assemblée tumultueuse du Divan soustrayait au pacha l'administration du Trésor et n'en exigeait pas moins qu'il payât les troupes.
RAÏS (d'après une gravure allemande du XVIIe siècle).
 
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