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  L'ALGÉRIE SOUS LES TURCS  
     
  
Les pachas, sans cesse ballottés entre les exigences de la taïffe, de la milice et de la populace, s'efforçaient de ménager tout le monde, tremblant sans cesse pour leurs têtes et pour leurs trésors, qu'ils cherchaient à accroître rapidement pour aller finir leurs jours dans une des riantes villas du Bosphore. On cessa d'obéir aux ordres de la Porte et la Régence devint en fait indépendante.

LES AGHAS

Dans la seconde moitié du dix-septième siècle, les pachas furent de moins en moins respectés et obéis. En 1659, les janissaires réunis en divan décidèrent que le pacha envoyé de Constantinople n'aurait plus le pouvoir exécutif; celui-ci serait exercé par les aghas, chefs de la milice, assistés du Divan, et l'envoyé de la porte ne conserverait plus qu'un titre honorifique. La soldatesque devenait ainsi maîtresse du pouvoir et la séparation entre la Régence et la Porte s'accentuait.
La révolution de 1659 changeait le pachalik en une république militaire, dont chaque soldat devait devenir président à son tour d'ancienneté : conception bizarre et évidemment irréalisable. L'agha ne gardait ses fonctions que deux mois, et tous les deux mois surgissait un nouveau chef du pouvoir. Le système avait pour effet de multiplier au delà de toute mesure les désordres et les assassinats. Tous les aghas sans exception moururent de mort violente de 1659 à 1671.
La nouvelle constitution dura douze ans à peine. En 1671 se produisit une nou­velle révolution, qui, cette fois, fut l'œuvre des raïs; la souveraineté des chefs de la milice disparut devant la prééminence de la marine. Les raïs donnèrent le pouvoir à l'un d'entre eux, qui prit le titre de dey, c'est-à-dire oncle, patron, appellation familière qui se transforma en un titre officiel. Les deys, nommés à vie, ne tardèrent pas à profiter des moyens que leur donnait la position qu'ils occupaient pour transformer leur pouvoir en une sorte de dictature. Quant aux pachas, revêtus par le sultan du caftan d'honneur, ils furent complètement oubliés et sans aucune influence sur la marche des affaires. La Porte finit d'ailleurs par se lasser d'envoyer à Alger des représentants qui étaient comptés pour rien et le dey devint en même temps pacha.

LES DEYS

Les quatre premiers deys furent des capitaines-corsaires, qui, soutenus par leur taïffe, plus puissante que la milice elle-même, abaissèrent le Divan et ne le réunirent plus que pour la forme.
 
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