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Mais leur origine
même les força de fermer les yeux sur les excès de la
piraterie, qui exposaient Alger aux représailles des
nations chrétiennes. |
Après que les bombardements et
les croisières eurent terrifié les habitants et ruiné la
marine des raïs, les janissaires reprirent une partie de
leur ancienne influence.
Mais ce n'était plus l'ancien corps uni et compact qui
avait dicté ses lois à la Régence pendant un
demi-siècle; l'effectif était réduit des deux tiers au
moins; le recrutement ne se faisait guère qu'en Asie
Mineure parmi les vagabonds et les mendiants. Leur tourbe
vénale s'occupa de moins en moins de conserver les
privilèges qui leur étaient acquis et les échangea
volontiers contre des accroissements de solde et des dons de
joyeux avènement. Cette cupidité grossière devait
d'ailleurs amener des conspirations et des révoltes
sanglantes, chacun de ces mercenaires ne voyant plus dans un
changement de souverain que l'occasion , d'une gratification
nouvelle. Le moindre retard dans le paiement de la solde,
une insulte ou une injustice qu'on disait faite à l'un
d'entre eux, le moindre incident était un motif de
soulèvement. Les janissaires apportaient alors leurs
marmites renversées devant le palais de la Jenina et comme
ils avaient presque toujours des complices dans l'entourage
du dey, celui-ci était mis à mort. Le besoin d'argent
obligea les souverains de la Régence à donner la plus
grande extension à la course, qui devint une piraterie
organisée par l'État et pour son compte. Aux réclamations
d'un consul, l'un d'eux répondait : « Je suis le chef
d'une bande de voleurs, mon métier est de prendre et non de
rendre. »
En droit, le dey eût dû être élu par l'assemblée
générale; en fait, les choses se passaient tout autrement.
Lorsque le souverain abdiquait ou mourait de mort naturelle,
ce qui n'arriva que onze fois sur vingt-huit, son
successeur, désigné |
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