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d'avance, avait
pris les précautions nécessaires et le changement
s'opérait sans opposition. |
Mais quand il succombait à la violence, les assassins se
précipitaient à la Jenina, en occupaient les abords et
proclamaient celui d'entre eux qu'ils avaient choisi;
souvent un combat s'engageait et durait jusqu'au moment où
les vainqueurs pouvaient arborer la bannière verte sur le
palais dans lequel ils venaient d'installer leur candidat.
En ville, des scènes de pillage accompagnaient le
changement de règne. « La milice, disait un consul de
France, est un animal qui ne reconnaît ni guide, ni
éperon, capable de se porter aux dernières extrémités
sans seulement songer au lendemain et souvent sans savoir
pourquoi. »
Les janissaires faisaient parfois des choix étranges. Tel
cet Hadj-Ahmed (1695), vieux soldat que les conjurés
trouvèrent sur le seuil de sa porte, raccommodant ses
babouches, enlevèrent sur leurs épaules et portèrent
triomphalement au Divan; inquiet et maniaque, il vécut sous
l'empire d'une terreur perpétuelle et n'osait même pas
sortir de la Jenina pour aller à la mosquée. Tel encore
Baba-Ali (1754), ancien ânier, ignorant, brutal, fanatique,
donnant des ordres au hasard et les révoquant au bout de
quelques minutes sur l'avis d'un esclave ou d'un matelot
qu'il consultait sur les affaires de l'état en lui disant :
« Tu as plus d'esprit que moi, décide. » Tel OmerAgha
(180g), grand fumeur d'opium, qui restait dans une apathie
voisine de l'imbécillité tant qu'il n'avait pas pris sa
dose accoutumée et tombait dans des accès de démence
furieuse quand il la dépassait.
Au dix-huitième siècle, l'anarchie s'aggrave encore et
tout est en décadence, même la course. Le nombre des
vaisseaux diminue et l'argent manque pour en construire de
nouveaux. |
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