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ces revenus
n'étaient rien moins qu'assurés. L'administration manquait
d'ordre et de probité et les caïds gardaient pour eux la
plus grande partie des recettes. Dans ces conditions, le
plus clair des ressources de la Régence était fourni par
la piraterie. |
LES
CORSAIRES ET LA COURSE |
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Les fondateurs de la Régence
n'étaient pas à proprement parler des pirates. Ils
faisaient la guerre sainte sur mer et respectaient les
puissances en paix avec la Turquie. Mais bientôt le zèle
religieux s'affaiblit ; les armateurs et les capitaines,
renégats pour la plupart, s'inquiétaient peu de
l'islamisme et n'avaient que des pensées de lucre. Dans un
pays où il n'existait ni industrie ni commerce, les
particuliers ne pouvaient espérer de bénéfices qu'en
participant aux armements ou en spéculant sur la vente des
esclaves. Quand il n'y avait pas de prises, l'argent
manquait pour la paye de la milice et les janissaires se
révoltaient; la sûreté de l'État dépendait donc des
résultats de la course et la piraterie devint l'institution
fondamentale. Les constructeurs de navires, les ingénieurs,
les maîtres ouvriers sans lesquels la marine n'aurait pu
exister étaient des renégats. Ces nouveaux venus
changèrent le caractère de la course; au djihad succéda
la guerre de rapine. |
La corporation des raïs avait une puissance énorme, car
tout dépendait d'eux. Leurs richesses, le faste de leurs
escortes, l'insouciance avec laquelle ils dépensaient |
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