Les beylierbeys avaient
fortifié Alger avec soin et l'avaient embellie de palais,
de bains et de mosquées. Les Morisques d'Espagne, fuyant la
persécution, étaient venus s'y établir en grand nombre,
l'avaient enrichie des épaves de leur fortune et des
produits de leur travail.
Les corsaires s'étaient fait bâtir dans le quartier de la
marine des maisons spacieuses, décorées avec un luxe
bizarre, mi-européen, mi-oriental.
Sur les coteaux qui entourent Alger et lui forment un si
riant horizon, ils avaient des villas de plaisance
entourées de jardins, parées des dépouilles qu'ils
ramenaient de leurs croisières; les marbres d'Italie, les
faïences de Delft, les velours de Gênes, les glaces de
Venise embellissaient leurs demeures.
Les esclaves étaient enfermés le soir dans les bagnes
publics ou privés, dont quelques-uns contenaient jusqu'à 3
000 captifs; on y vendait du vin, que les musulmans venaient
boire plus ou moins en cachette. |