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La pêche du corail était le
prétexte de la concession sollicitée des Algériens et de la
Porte par Thomas Lenche et ses associés et, au seizième
siècle, c'est bien effectivement cette pêche qui fut au
premier plan des opérations du Bastion. Elle occupait une
cinquantaine de bateaux; les deux tiers des produits
revenaient à la Compagnie, un tiers aux patrons des navires.
Le corail était travaillé à Marseille dans des ateliers qui
étaient une des curiosités de la ville. Le maximum de la
production du corail se place vers 1575. Mais bientôt
d'autres produits du sol africain vinrent s'y joindre, en
particulier les céréales et les cuirs. On importait des
draps et des soieries. En somme, le commerce y était assez
étendu et assez varié.
La Compagnie du Corail était une société d'armement en
même temps que de commerce. Il n'était pas émis d'actions
et c'était une association de personnes plutôt que de
capitaux. Chaque membre possédait un intérêt variable; les
parts, appelées carats ou quirats, donnèrent au début de
beaux bénéfices; elles étaient très recherchées et se
transmettaient par héritage. Mais bientôt des discussions
éclatèrent entre les associés. De plus, à la fin du
seizième siècle, les relations devinrent moins cordiales
entre la France et la Porte, à laquelle les Algériens
d'ailleurs n'obéissaient plus guère. La " magnifique
" Compagnie du Corail disparut au début du dix-septième
siècle. En 1602, l'entreprise purement commerciale et privée
des Lenche fut transformée par Henri IV en affaire d'État;
le capitaine du Bastion devint un fonctionnaire royal et le
Bastion lui-même une forteresse du roi. En 1604, la
concession des territoires nécessaires était accordée par
le sultan à Savary de Brèves. Mais c'est seulement vingt ans
après que le Bastion, détruit par les Algériens, put être
relevé. |
LA
BROUILLE ENTRE LES ALGÉRIENS ET LA FRANCE |
Une étrange affaire avait
contribué à refroidir la Porte à l'égard de la France.
Sous Charles IX, les citadins d'Alger, opprimés par les
Turcs, s'avisèrent de demander un roi à la France. La chose
fut prise au sérieux et, en 1572, François de Noailles,
évêque de Dax, ambassadeur à Constantinople, reçut l'ordre
d'en entretenir le sultan et de poser auprès de lui la
candidature du duc d'Anjou, Henri de Valois. L'ambassadeur
remontra qu'il était impossible d'obtenir l'assentiment de la
Porte à un pareil projet, qui eût fait passer des sujets
musulmans sous l'autorité d'un prince chrétien ; il dut se
borner à prier Dieu de donner au roi de France plus de
perspicacité et de prudence. Henri de Valois ne devait pas
plus régner à Alger qu'en Pologne.
En 1609, les relations entre la France et les Algériens,
déjà mauvaises depuis que ceux-ci ne respectaient plus rien
ni personne, se gâtèrent tout à fait à la suite de
l'affaire des canons de Simon Dansa. C'était un Flamand qui
était venu se faire corsaire à Alger et avait acquis de
grandes richesses dans la piraterie. |
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