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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
La pêche du corail était le prétexte de la concession sollicitée des Algériens et de la Porte par Thomas Lenche et ses associés et, au seizième siècle, c'est bien effectivement cette pêche qui fut au premier plan des opérations du Bastion. Elle occupait une cinquantaine de bateaux; les deux tiers des produits revenaient à la Compagnie, un tiers aux patrons des navires. Le corail était travaillé à Marseille dans des ateliers qui étaient une des curiosités de la ville. Le maximum de la production du corail se place vers 1575. Mais bientôt d'autres produits du sol africain vinrent s'y joindre, en particulier les céréales et les cuirs. On importait des draps et des soieries. En somme, le commerce y était assez étendu et assez varié.
La Compagnie du Corail était une société d'armement en même temps que de commerce. Il n'était pas émis d'actions et c'était une association de personnes plutôt que de capitaux. Chaque membre possédait un intérêt variable; les parts, appelées carats ou quirats, donnèrent au début de beaux bénéfices; elles étaient très recherchées et se transmettaient par héritage. Mais bientôt des discussions éclatèrent entre les associés. De plus, à la fin du seizième siècle, les relations devinrent moins cordiales entre la France et la Porte, à laquelle les Algériens d'ailleurs n'obéissaient plus guère. La " magnifique " Compagnie du Corail disparut au début du dix-septième siècle. En 1602, l'entreprise purement commerciale et privée des Lenche fut transformée par Henri IV en affaire d'État; le capitaine du Bastion devint un fonctionnaire royal et le Bastion lui-même une forteresse du roi. En 1604, la concession des territoires nécessaires était accordée par le sultan à Savary de Brèves. Mais c'est seulement vingt ans après que le Bastion, détruit par les Algériens, put être relevé.

LA BROUILLE ENTRE LES ALGÉRIENS ET LA FRANCE

Une étrange affaire avait contribué à refroidir la Porte à l'égard de la France. Sous Charles IX, les citadins d'Alger, opprimés par les Turcs, s'avisèrent de demander un roi à la France. La chose fut prise au sérieux et, en 1572, François de Noailles, évêque de Dax, ambassadeur à Constantinople, reçut l'ordre d'en entretenir le sultan et de poser auprès de lui la candidature du duc d'Anjou, Henri de Valois. L'ambassadeur remontra qu'il était impossible d'obtenir l'assentiment de la Porte à un pareil projet, qui eût fait passer des sujets musulmans sous l'autorité d'un prince chrétien ; il dut se borner à prier Dieu de donner au roi de France plus de perspicacité et de prudence. Henri de Valois ne devait pas plus régner à Alger qu'en Pologne.
En 1609, les relations entre la France et les Algériens, déjà mauvaises depuis que ceux-ci ne respectaient plus rien ni personne, se gâtèrent tout à fait à la suite de l'affaire des canons de Simon Dansa. C'était un Flamand qui était venu se faire corsaire à Alger et avait acquis de grandes richesses dans la piraterie.
 
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