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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
français. Son successeur, M. Dubourdieu, ne réussit guère mieux. En 1669, Colbert fit indemniser la Mission et racheta la charge consulaire. Les Lazaristes demeurèrent néanmoins en qualité de vicaires apostoliques; ils furent à ce titre les coadjuteurs officieux de nos agents.
 

L'EXPÉDITION DE DJIDJELLI (1664)

La France avait été la première puissance européenne qui eût essayé de châtier les Barbaresques. Son exemple fut suivi, dans le cours du dix-septième siècle, tour à tour par les Hollandais, les Anglais, les Vénitiens, les Chevaliers de Malte, les Génois, les Napolitains. Ces expéditions punitives ne donnèrent aucun résultat. En 1664, Colbert voulut en finir avec les pirates; il se proposait, non plus une simple croisière, mais l'occupation permanente d'un port sur le littoral. L'ingénieur de Clerville conseilla Stora ou Bougie, mais on se décida pour Djidjelli, ce qui était un très mauvais choix, car, même si l'entreprise avait réussi; l'occupation de Djidjelli, encerclé par les montagnes et sans débouché vers l'intérieur, n'aurait conduit à aucun résultat intéressant. Elle échoua d'ailleurs complètement. L'expédition, commandée par Gadagne, comprenait 7 000 hommes et 60 bâtiments. On s'empara de Djidjelli malgré une vive résistance, mais la mésintelligence éclata bientôt entre Gadagne et le duc de Beaufort, qui repartit. L'affaire se termina par un désastre : 1 400 soldats périrent, les autres se rembarquèrent en abandonnant une centaine de canons. Longtemps les enfants poursuivirent les chrétiens dans les rues d'Alger en criant « Gigeri, Gigeri » et en faisant le geste de leur couper la tête.
En 1665, Beaufort fit une croisière devant Alger et Cherchel pour réparer un peu cet échec et rendre les corsaires moins insolents. En 1666, un traité fut signé pour arranger momentanément les choses. On procéda de part et d'autre à l'échange des captifs; la prééminence du consul de France sur ceux des autres nations fut de nouveau proclamée, le Bastion fut réoccupé, la charge de gouverneur donnée à Jacques Arnaud, qui avait pris une part très utile aux divers arrangements et que Colbert jugeait homme d'esprit, de pénétration et de droiture. Il y eut un calme relatif jusqu'en 1680, malgré la fuite à bord d'un certain nombre d'esclaves pendant le séjour d'une flotte commandée par M. d'Alméras, fuite dont les corsaires conçurent une grande irritation.
En 1674 eut lieu la mission du chevalier d'Arvieux, personnage fat et ignorant qui indisposa tout le monde. Il jugeait le poste d'Alger tout à fait indigne de sa valeur et n'avait consenti à l'accepter, disait-il, que sur les pressantes instances de Colbert. Il ne doutait d'ailleurs pas du succès.
 
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