|
Quand il arriva, il avait «sa
canne, son épée, avec un habit assez propre pour être
distingué de tous ceux qui l'accompagnaient ». Sa vanité
et sa suffisance n'eurent aucun succès auprès des
musulmans. Pendant les huit mois que dura son séjour, il
fut le jouet des janissaires qui l'appelaient « le fou ».
Il fut obligé de recourir au vicaire apostolique, Jean Le
Vacher, pour avoir une audience du dey. Celui-ci lui fit
comprendre qu'on avait hâte de le voir partir : « Votre
emploi, disait-il, est trop peu de chose pour un homme de
votre importance. D'ailleurs, le Père Le Vacher me suffira
pour tout ce qu'il y a à faire et votre absence ne gâtera
rien. »
M. Le Vacher, quoiqu'il fût âgé et très infirme, se vit
obligé d'accepter le consulat ; il avait un grand souci de
la justice et fit preuve d'un tact rare dans ses relations
avec les Algériens. Denis Dussault, directeur des
établissements du Bastion, s'employa comme lui à maintenir
la paix. Niais à Versailles on avait à cœur de venger l'échec
de Djidjelli. Colbert montrait dans les affaires
barbaresques une raideur et un mauvais vouloir extrême, dus
surtout à ce qu'il entendait garder les prisonniers
musulmans pour la chiourme des galères royales. En 1680, le
dey reçut Tourville, puis Du Quesne avec de grands honneurs
et leur rendit les captifs chrétiens, mais la France refusa
de rendre les Turcs comme elle l'avait promis. Le Divan
déclara la guerre (1681) et le commerce français dans la
Méditerranée subit de graves dommages. |
|
LES
EXPÉDITIONS DE DU QUESNE (1682-1683) |
En 1682, Louis XIV donna
l'ordre à Du Quesne d'aller, avec les galiotes à bombes
récemment inventées par Renaud d'Elissagaray, incendier
Alger et la ruiner de fond en comble. Après avoir canonné
Cherchel, la flotte, qui comprenait une centaine de navires,
se présenta en ordre de bataille devant Alger. Le
bombardement dura du 20 août au 20 septembre et donna fort
peu de résultats. On le recommença dans l'été de 1683,
sans sommation préalable. M. Le Vacher fut envoyé en
parlementaire ; Du Quesne se montra cruel envers ce
vieillard; la première fois qu'il se présenta, il ne
laissa pas accoster son embarcation et lui parla du haut de
la galerie de poupe; deux jours plus tard, quand Le Vacher
amena les otages que l'amiral avait demandés, on ne lui
offrit point de siège; comme il avait les jambes enflées
et ne pouvait se tenir debout, il dut s'asseoir sur un
affût de canon : «Vous êtes plus Turc que Chrétien, »
lui dit Du Quesne. - « Je suis prêtre, » répondit-il. Un
mois après il mourait héroïquement.
Du Quesne réclamait la restitution de tous les captifs et
un million et demi d'indemnité. Le dey Baba-Hassan
s'efforça de réduire cette somme. |
|
|