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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
Quand il arriva, il avait «sa canne, son épée, avec un habit assez propre pour être distingué de tous ceux qui l'accompagnaient ». Sa vanité et sa suffisance n'eurent aucun succès auprès des musulmans. Pendant les huit mois que dura son séjour, il fut le jouet des janissaires qui l'appelaient « le fou ». Il fut obligé de recourir au vicaire apostolique, Jean Le Vacher, pour avoir une audience du dey. Celui-ci lui fit comprendre qu'on avait hâte de le voir partir : « Votre emploi, disait-il, est trop peu de chose pour un homme de votre importance. D'ailleurs, le Père Le Vacher me suffira pour tout ce qu'il y a à faire et votre absence ne gâtera rien. »
M. Le Vacher, quoiqu'il fût âgé et très infirme, se vit obligé d'accepter le consulat ; il avait un grand souci de la justice et fit preuve d'un tact rare dans ses relations avec les Algériens. Denis Dussault, directeur des établissements du Bastion, s'employa comme lui à maintenir la paix. Niais à Versailles on avait à cœur de venger l'échec de Djidjelli. Colbert montrait dans les affaires barbaresques une raideur et un mauvais vouloir extrême, dus surtout à ce qu'il entendait garder les prisonniers musulmans pour la chiourme des galères royales. En 1680, le dey reçut Tourville, puis Du Quesne avec de grands honneurs et leur rendit les captifs chrétiens, mais la France refusa de rendre les Turcs comme elle l'avait promis. Le Divan déclara la guerre (1681) et le commerce français dans la Méditerranée subit de graves dommages.
 

LES EXPÉDITIONS DE DU QUESNE (1682-1683)

En 1682, Louis XIV donna l'ordre à Du Quesne d'aller, avec les galiotes à bombes récemment inventées par Renaud d'Elissagaray, incendier Alger et la ruiner de fond en comble. Après avoir canonné Cherchel, la flotte, qui comprenait une centaine de navires, se présenta en ordre de bataille devant Alger. Le bombardement dura du 20 août au 20 septembre et donna fort peu de résultats. On le recommença dans l'été de 1683, sans sommation préalable. M. Le Vacher fut envoyé en parlementaire ; Du Quesne se montra cruel envers ce vieillard; la première fois qu'il se présenta, il ne laissa pas accoster son embarcation et lui parla du haut de la galerie de poupe; deux jours plus tard, quand Le Vacher amena les otages que l'amiral avait demandés, on ne lui offrit point de siège; comme il avait les jambes enflées et ne pouvait se tenir debout, il dut s'asseoir sur un affût de canon : «Vous êtes plus Turc que Chrétien, » lui dit Du Quesne. - « Je suis prêtre, » répondit-il. Un mois après il mourait héroïquement.
Du Quesne réclamait la restitution de tous les captifs et un million et demi d'indemnité. Le dey Baba-Hassan s'efforça de réduire cette somme.
 
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