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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
   Quand on a fait cuire une poule et que le vent a dispersé les plumés, comment s'y prendre pour les rassembler? »
Les consuls eurent à diverses reprises à subir de mauvais traitements. Alexandre Lemaire, par exemple, fut chargé de chaînes et conduit au bagne pour une discussion à propos d'une barque capturée. Le lendemain même de son incarcération, il écrivait aux échevins de Marseille: « Si je dois m'en fier aux apparences, vous n'avez rien à craindre pour le pavillon français, ni pour la sûreté de la navigation. Le fort de l'orage n'est tombé que sur moi. Il aurait été à souhaiter que l'éclat eût été moindre; mais, dans mon malheur, je rends grâce à la Providence d'avoir épargné les intérêts généraux de la nation. Le fardeau aurait été trop grand si j'avais eu ma peine et celle des autres à supporter. »
 
Grâce à l'habileté et surtout à la patience de nos représentants, il y eut donc pendant un siècle, de 1690 à 1792, une paix relative entre la France et la Régence. Comme conséquence de ces relations pacifiques, les Concessions d'Afrique changent de caractère; jusque-là, la plupart des gouverneurs devaient leur situation à la faveur du dey et du Divan, comme Sanson Napollon et Dussault ; ils se faisaient d'abord accepter par les Algériens, puis obtenaient une commission du roi et constituaient une Compagnie ; ils étaient souvent chargés de missions diplomatiques. Après 1690, les directeurs des établissements français sont désignés uniquement par les Compagnies; le Divan d'Alger n'intervient pas dans leur nomination et ne s'intéresse guère à leur personne; ce sont de simples négociants, étrangers à la politique.
Le Bastion et le cap Rose avaient été abandonnés en 1677, le premier à cause de son insalubrité, le second parce que le commerce de ce poste était insuffisant pour la dépense qu'il occasionnait. Il ne subsista que trois établissements fixes : la Calle, Bône et Collo. La Calle était le plus important des trois; c'était une véritable petite colonie, peuplée presque uniquement de Français; elle était, elle aussi, assez malsaine et la garnison était fort éprouvée. On avait songé à acquérir Tabarka et, en 1741, des négociations furent engagées avec les Lomellini qui paraissaient disposés à la vendre; mais le bey de Tunis averti du projet s'y opposa. Une tentative de coup de main en 1742 n'eut pas plus de succès que celle de Sanson Napollon.
 
Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, le commerce français fut très prospère en Barbarie. La Compagnie Royale d'Afrique, au capital de 1200 000 francs divisé en 1 200 actions, garda l'exploitation des Concessions d'Afrique pendant près de soixante ans, de 1740 à 1793; ce fut la seule de toutes les Compagnies de
 
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