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commerce de l'ancien régime
qui réussit complètement et procura des bénéfices. Elle
se livrait surtout au commerce des blés.
Les Concessions d'Afrique ne prirent cependant jamais un
bien grand développement. Elles suscitèrent des querelles
interminables, furent bien des fois pillées et incendiées;
en temps de famine, les Algériens accusaient l'exportation
des blés et détruisaient les comptoirs. Ces
établissements furent souvent la cause ou le prétexte des
hostilités entre la France et la Régence, jusqu'au jour
où elles provoquèrent les discussions de 1827 et le fameux
coup d'éventail. Mais ils donnaient aux Français un
grand prestige auprès des Barbaresques et tiennent à ce
titre une place importante dans notre histoire. Louis XIV
disait qu'il fallait garder ces comptoirs « à quelque prix
que ce fût ». |
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LES
ÉTATS EUROPÉENS ET LA PIRATERIE |
Les États européens
s'estimaient heureux d'obtenir, même par des sacrifices
d'argent et de dignité, une sécurité relative pour leur
marine; encore suffisait-il pour amener une rupture, d'un
changement de dey, d'un caprice des raïs, des plus futiles
prétextes. On dévorait tous les outrages. Quelquefois
cependant l'indignation était plus forte que la crainte; on
essayait alors de châtier les Barbaresques. Mais les
promenades inutiles des escadres devant leurs côtes ne
faisaient qu'augmenter leur insolence; ils ne désarmaient
pas, puisque la piraterie était leur raison d'être et leur
industrie nationale. L'Espagne, qui avait à souffrir
beaucoup de la course, voulut tenter une répression
énergique; mais l'expédition de 1774, dirigée par le
général O'Reilly, qui débarqua 8 000 hommes à
l'embouchure de l'Harrach, échoua misérablement et eut à
peu près le même sort que celle de CharlesQuint. Les
interventions des Anglais en 1671, en 1749, en 1804, des
Hollandais en 1692, des Danois en 1770 et 1772, des
Vénitiens en 1767 ne furent pas plus heureuses.
Sept puissances, les États-Unis, la Hollande, le Portugal,
le royaume de Naples, la Suède, la Norvège et le Danemark
payaient tous les deux ans un tribut fixe à la Régence.
Les autres Etats donnaient des « présents » en numéraire
ou en nature; l'Angleterre et la Hollande gagnaient assez
souvent la bienveillance et la neutralité des Algériens en
leur fournissant des armes et des munitions. Les agents
français s'évitèrent d'énormes dépenses en prenant dès
l'origine l'habitude de faire des cadeaux de peu de valeur
et de ne jamais donner d'argent. Marseille envoyait des
confitures, des légumes, de la parfumerie, des châtaignes,
des pommes, des anchois, que les consuls distribuaient au
dey et aux principaux fonctionnaires. |
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