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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
commerce de l'ancien régime qui réussit complètement et procura des bénéfices. Elle se livrait surtout au commerce des blés.
Les Concessions d'Afrique ne prirent cependant jamais un bien grand développement. Elles suscitèrent des querelles interminables, furent bien des fois pillées et incendiées; en temps de famine, les Algériens accusaient l'exportation des blés et détruisaient les comptoirs. Ces établissements furent souvent la cause ou le prétexte des hostilités entre la France et la Régence, jusqu'au jour où elles provoquèrent les discussions de 1827 et le fameux coup d'éventail. Mais ils don­naient aux Français un grand prestige auprès des Barbaresques et tiennent à ce titre une place importante dans notre histoire. Louis XIV disait qu'il fallait garder ces comptoirs « à quelque prix que ce fût ».
 

LES ÉTATS EUROPÉENS ET LA PIRATERIE

Les États européens s'estimaient heureux d'obtenir, même par des sacrifices d'argent et de dignité, une sécurité relative pour leur marine; encore suffisait-il pour amener une rupture, d'un changement de dey, d'un caprice des raïs, des plus futiles prétextes. On dévorait tous les outrages. Quelquefois cependant l'indignation était plus forte que la crainte; on essayait alors de châtier les Barbaresques. Mais les promenades inutiles des escadres devant leurs côtes ne faisaient qu'augmenter leur insolence; ils ne désarmaient pas, puisque la piraterie était leur raison d'être et leur industrie nationale. L'Espagne, qui avait à souffrir beaucoup de la course, voulut tenter une répression énergique; mais l'expédition de 1774, dirigée par le général O'Reilly, qui débarqua 8 000 hommes à l'embouchure de l'Harrach, échoua misérablement et eut à peu près le même sort que celle de Charles­Quint. Les interventions des Anglais en 1671, en 1749, en 1804, des Hollandais en 1692, des Danois en 1770 et 1772, des Vénitiens en 1767 ne furent pas plus heureuses.
Sept puissances, les États-Unis, la Hollande, le Portugal, le royaume de Naples, la Suède, la Norvège et le Danemark payaient tous les deux ans un tribut fixe à la Régence. Les autres Etats donnaient des « présents » en numéraire ou en nature; l'Angleterre et la Hollande gagnaient assez souvent la bienveillance et la neutralité des Algériens en leur fournissant des armes et des munitions. Les agents français s'évitèrent d'énormes dépenses en prenant dès l'origine l'habitude de faire des cadeaux de peu de valeur et de ne jamais donner d'argent. Marseille envoyait des confitures, des légumes, de la parfumerie, des châtaignes, des pommes, des anchois, que les consuls distribuaient au dey et aux principaux fonctionnaires.
 
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