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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
   Il conseillait d'attaquer Alger par terre et indiquait Sidi-Ferruch comme le point le plus propice à un débarquement.
Au milieu des vicissitudes que traversa la France pendant la Révolution et l'Empire, les traditions séculaires de notre politique en Barbarie furent maintenues jusqu'au jour où elles devaient porter leurs fruits. La Compagnie d'Afrique disparut au milieu de la tourmente révolutionnaire, supprimée par un arrêté du Comité de Salut public du 19 pluviôse an II (8 février 1794). Mais l'œuvre de la Compagnie ne disparut pas avec elle; l'arrêté de pluviôse instituait une Agence d'Afrique qui devait continuer pour le compte de l'État l'exploitation des Concessions et monopoles accordés aux Français.
La République française entretint les meilleures relations avec le dey d'Alger, Hassan, dans lequel elle trouva un ami généreux et un allié fidèle. Le consul Vallière, après avoir essuyé quelques bourrasques dues à l'humeur inconstante du dey, était arrivé à acquérir sur lui une véritable influence dont il se servit habilement dans l'intérêt de son pays, obtenant la permission d'exporter de grandes quantités de grains, des viandes salées, des cuirs et autres denrées destinées à l'alimentation du Midi et à la subsistance des armées. Hassan résista aux instances des Anglais, refusa de prendre parti contre la France comme ils l'en sollicitaient, déclarant que a c'est au besoin que se fait connaître le véritable ami ». Il fit une première avance de 250 000 francs pour solder nos achats de grains à Bône et à Constantine, permit à nos navires de se ravitailler dans tous ses ports, prescrivit à ses corsaires d'avoir le plus grand respect pour le pavillon tricolore. Plus tard, en 1796, il prêta encore un million (200 000 piastres) au Directoire sans vouloir en recevoir les intérêts et en s'excusant de ne pouvoir faire davantage.
 
En 1793, un incident fâcheux brouilla pendant quelque. temps Hassan avec la France. Le beau-frère du consul Vallière, Meïfrund, avait été condamné à mort pour avoir rempli des fonctions municipales à Toulon pendant l'occupation anglaise; il émigra en Espagne, puis vint à Alger où le dey l'installa, demandant sa grâce et déclarant que c'était la seule récompense qu'il réclamât pour prix des services qu'il avait rendus. Vallière, dont le père, la mère et la sueur avaient partagé le sort de Meïfrund, fit tout ce qu'il put pour obtenir cette grâce, mais n'aboutit qu'à se rendre lui-même suspect d'incivisme. Hassan blessé donna l'ordre au bey de Constantine de cesser toutes relations commerciales avec l'Agence d'Afrique et refusa un magnifique solitaire, une superbe paire de pistolets et un parasol que Vallière était chargé de lui offrir.
Le 21 fructidor an II (7 septembre 1794), le comité de Salut public nommait le citoyen Herculais agent général et envoyé particulier auprès des Puissances Barbaresques et dans tout le Levant.
 
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