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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
C'était un ci-devant noble qui avait adhéré aux principes de la Révolution; sa mission avait pour objet l'inspection des consulats, le règlement de toutes les affaires en litige et aussi une enquête sur la conduite des consuls d'Alger et de Tunis, Vallière et Devoize, désignés tous deux comme suspects. Incompétent, maladroit, brouillon, intrigant, sectaire et hypocrite, cet envoyé extraordinaire était vraiment, comme le dit M. Fr. Charles-Roux, un extraordinaire envoyé. Il commit toutes les sottises possibles, tant à Alger qu'à Tunis, jusqu'au jour où il fut destitué par un arrêté du 20 ventôse an V (10 mars 1797).
A Vallière, destitué par Herculais et embarqué pour la France ainsi que son chancelier Astoin Sielve, avait succédé, le 28 brumaire an IV (18 novembre 1795), l'ancien conventionnel Jeanbon Saint-André. Le Directoire avait fini par transiger sur l'affaire de Meïfrund, auquel une indemnité de 200 000 livres devait être allouée en échange de ses biens confisqués; mais une saute d'humeur du dey, qui avait fini par se désintéresser de Meïfrund, dispensa le Directoire de délier les cordons de la bourse. Cependant l'ancienne amitié ne se retrouva pas et on ne tira plus rien de la Régence que par l'intermédiaire des juifs Bakri et Busnach, qui firent chèrement payer leurs services, d'autant plus que l'argent comptant manquait et qu'on n'avait à leur offrir que des traites. Heureusement, les victoires de Bonaparte, que Jeanbon Saint-André sut faire valoir avec habileté, le châtiment de Venise, la libération des esclaves musulmans de Gênes et de Livourne relevèrent notre prestige. Non sans quelque exagération d'ailleurs et avec l'emphase de l'époque, Jeanbon Saint-André, en remettant les sceaux à son successeur Moltedo, le 6 mai 1798, lui dit: «J'avais trouvé ici la France à genoux: je vous la laisse debout. »

BONAPARTE ET LA RÉGENCE

En juin 1798, l'armée française, se rendant en Égypte sous les ordres de Bonaparte, s'empara de Malte et mit fin à la domination des Chevaliers. L'événement, annoncé au consul de France à Alger par une lettre de Bonaparte et une note diplomatique envoyée de Paris, fut accueilli avec joie dans la Régence. Aussi le Divan resta-t-il longtemps sourd aux injonctions de la Porte, qui lui ordonnait de déclarer la guerre à la République à la suite du débarquement des Français en Égypte. Le dey Mustapha finit par obéir d'assez mauvaise grâce et fit emprisonner le consul Moltedo, le vicaire apostolique, le personnel du consulat et une douzaine de résidents; mais leur captivité fut bénigne et cessa quelques jours après le départ de l'ambassade turque qui était venue la demander.
 
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